
Rénovation des bâtiments publics : la certification, un levier de performance durable

La certification des bâtiments publics s'impose de plus en plus comme un outil essentiel pour garantir leur performance énergétique et environnementale. François Jallot, président de Certivea, filiale du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), revient sur les enjeux de la certification et son impact sur la gestion des infrastructures publiques.
Pouvez-vous présenter Certivea et son rôle ?
François Jallot : Certivea est un organisme de certification spécialisé dans les bâtiments non résidentiels. Nous sommes leader en France et présents dans 24 pays, avec une filiale au Maroc. En tant que filiale du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), nous développons des certifications et labels pour accompagner les maîtres d'ouvrage dans l'amélioration de la performance de leurs bâtiments et infrastructures. Nos certifications HQE (Haute Qualité Environnementale) et nos labels spécialisés couvrent plusieurs thématiques comme l'énergie, le carbone, la qualité de vie, le numérique ou encore la biodiversité.
Pourquoi la certification est-elle essentielle dans la rénovation des bâtiments publics ?
FJ : La certification joue un double rôle : elle structure la feuille de route des maîtres d'ouvrage et valorise les performances atteintes. Lorsqu'une collectivité investit dans la rénovation de son patrimoine immobilier et de ses infrastructures, elle doit pouvoir garantir à ses électeurs que les fonds publics ont été utilisés de manière efficace. La certification est un outil d’attestation indépendant qui apporte une preuve concrète de la performance énergétique, environnementale et sociale des bâtiments.
Les certifications sont-elles obligatoires ?
FJ : Nos certifications vont au-delà du cadre règlementaire. Elles sont destinées aux acteurs qui souhaitent aller au-delà des normes minimales et valoriser leurs engagements en matière de développement durable. Par exemple, un label biosourcé garantit un pourcentage minimal de matériaux biosourcés dans le bâtiment. De même, un label HQE permet d’attester que les objectifs de performance sont bien atteints en fonction de l’usage réel du bâtiment.
Quels critères sont pris en compte dans l’évaluation des performances d’un bâtiment ?
FJ : Cela dépend des objectifs fixés. En matière énergétique, nous évaluons les consommations réelles plutôt qu'une estimation théorique. Pour la qualité de l’air intérieur, nous fixons des seuils plus exigeants que la réglementation. La certification prend aussi en compte la luminosité naturelle, l’isolation thermique ou encore l’adaptation au changement climatique. Par exemple, nous accompagnons les collectivités pour garantir qu'une salle de classe reste confortable et utilisable même par forte chaleur.
Quels types de bâtiments publics sont concernés par la certification ?
FJ : Tous les bâtiments non résidentiels : écoles, lycées, crèches, mairies, immeubles de bureaux, établissements de santé, médiathèques, infrastructures sportives, etc. Nous sommes très présents sur le bâti scolaire, un enjeu crucial pour les collectivités qui doivent rénover leurs écoles tout en assurant un cadre de vie optimal pour les élèves et les enseignants.
Est-ce que la certification augmente le coût des rénovations ?
FJ : Pas nécessairement. Si la certification peut entraîner un surcoût initial lié à la mise en conformité, elle permet surtout de réduire les dépenses à long terme. L’exploitation d'un bâtiment dure plusieurs décennies, et les choix faits lors de la rénovation influencent les coûts énergétiques et les frais de maintenance. Une bonne planification évite d’avoir à réintervenir quelques années plus tard.
Pouvez-vous donner un exemple de projet emblématique ?
FJ : Un bon exemple est la rénovation d'une école à Bègles, près de Bordeaux. Ce bâtiment intègre la biodiversité en étant situé dans un espace forestier, optimise la consommation énergétique grâce à des panneaux solaires en autoconsommation, et favorise l'inclusion avec des espaces accessibles aux personnes en situation de handicap. De plus, certaines infrastructures sont mutualisées avec des clubs locaux, renforçant ainsi le lien social et l’animation du territoire.
Certivea a été impliquée dans le plan EduRénov. Quel rôle avez-vous joué ?
FJ : Nous avons collaboré avec la Banque des territoires pour fournir un cadre et des solutions aux collectivités souhaitant rénover leur bâti scolaire. Ce programme aide les maîtres d’ouvrage à structurer leurs projets et à trouver des financements adaptés. Nous avons aussi développé un système de classification permettant de comparer les performances des bâtiments sur un territoire donné, facilitant ainsi l’évaluation des investissements publics.
Un dernier mot pour les acteurs publics qui hésiteraient encore à s'engager dans la certification ?
FJ : Investir dans la certification, c'est anticiper l'avenir. Un bâtiment public est conçu pour durer des décennies. En intégrant les critères de développement durable et en garantissant leur respect par une certification indépendante, les collectivités optimisent leurs ressources, améliorent le confort des usagers et préservent l’environnement. C’est une démarche gagnante à tous les niveaux.
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