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Repenser le temps de l’action publique

Philippe Pottiée-Sperry
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Repenser le temps de l’action publique

Dans sa dernière étude, le Cercle des acteurs territoriaux se penche sur la question du temps, qu’il soit court ou long, et sa difficile articulation entre l’urgence et les autres tâches. Il formule plusieurs propositions pour améliorer le management.

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« Action publique. Temps de crise et crise du temps ». Tel est l’intitulé de la dernière publication du Cercle des acteurs territoriaux, think tank dédié aux mutations relatives à l’action publique, mise en ligne le 1er février. Dans cette nouvelle étude, sa trentaine de membres, pour une bonne part fonctionnaires dans la FPT, s’appuient notamment sur les travaux du CESE (Conseil économique, social et environnemental) et les nombreux écrits et interviews des sociologues Dominique Meda et Jean Viard, ainsi que sur la diversité de leurs expériences comme de leurs échanges.

Retrouver le sens de l’avenir 
Premier constat : la difficile articulation entre l’urgence des tâches immédiates, des résultats à obtenir, de la concurrence, du long terme de la réflexion sur le monde possible, les lendemains souhaitables, les objectifs communs…. « Chaque fois s’oppose la hâte des décisions comme des actes et leurs conséquences sur des décennies voire des générations », analyse le Cercle. 
L’objectif est de retrouver le sens de l’avenir, de raviver les débats sur la société de demain – sans perdre de vue pour autant les exigences de l’heure. Selon le think tank, il s’agit de tenir ensemble « temps de crise » et « crise du temps » pour tenter de commencer à les surmonter. 

Propositions
Parallèlement à une série de constats et à leur analyse, la publication formule plusieurs propositions. Le Cercle plaide tout d’abord pour « engager une réflexion collective » afin de mieux vivre ensemble alors même que les temporalités des uns et des autres sont de plus en plus disparates. Autre proposition : intégrer dans le management la prise en compte d’une vison temporelle différente de chacun selon sa place dans la hiérarchie et dans l’organisation. 
Loin des impacts du nouveau management public et de la contrainte de réduire le temps du traitement, le Cercle milite pour la recomposition du temps de l’action publique entre « procédures nécessaires » (pour ne pas faire n’importe quoi), « agilité » (pour répondre à la demande) et « temps long » (pour la réflexion et la projection). 

L’hybridation des métiers
Par ailleurs, il suggère de ne pas se focaliser sur la vitesse et la réactivité comme étant les premiers critères de compétence des agents, certains ayant un rythme plus lent qui passe par l’écoute et la maturation. Conséquence : « savoir changer de vitesse » au bon moment et intégrer ce critère dans les évaluations. 
Face à la crise sanitaire ayant mis l’accent sur une nouvelle perception des métiers, ceux de l’urgence ayant le plus de sens, il conseille de privilégier « l’hybridation des métiers » : « avoir un métier en temps de crise et un métier du temps long, développer les doubles compétences qui s’adaptent au gré des situations. Ce peut être à la fois l’occasion de mieux répartir nos ressources humaines et de redonner à certains de la motivation ». 

Conciliation des temps de vie
Parmi ses autres propositions, le Cercle des acteurs territoriaux défend la conciliation des temps de vie. Selon lui, il faut oser porter le sujet en tant que manager, évoquer que la présence au travail n’est pas la seule mesure de l’engagement, que l’on peut avoir des exigences de bien-être et être investi dans l’action publique. 
Prônant une réduction des reportings et des évaluations, il suggère un plus grand pouvoir d’agir pour les managers de proximité. Cela permettrait ainsi de libérer du temps aux niveaux hiérarchiques supérieurs pour s’inscrire dans la prospective mais aussi définir une trajectoire et un cap.

Philippe Pottiée-Sperry
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