De nombreux départements portent plainte contre Eric Zemmour
« Les jeunes issus de l'immigration [...] sont tous des voleurs, ils sont tous des assassins, ils sont tous des violeurs. » Les propos inadmissibles du journaliste polémiste Eric Zemmour, tenus le 30 septembre sur la chaîne CNews, continuent de susciter une pluie d’indignations.
Dès le 1er octobre, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste". S'y sont ajoutés les dépôts de nombreuses plaintes, notamment de la part de conseils départementaux, près d'une vingtaine à ce jour, le plus souvent de gauche, qui sont responsables de l’aide sociale à l’enfance (ASE) et à ce titre de la prise en charge des mineurs non accompagnés. La liste de ces départements ne cesse de s'allonger : Loire-Atlantique, Pyrénées-Orientales, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Haute-Garonne, Haute-Vienne, Gironde, Lot-et-Garonne, Gers, Aude, Dordogne, Meurthe-et-Moselle, Finistère, Seine-Saint-Denis, Val de Marne, Tarn, Lozère, Hérault, Ardèche, Guadeloupe…
« Une incitation à la haine »
Le premier à être monté au front est Philippe Grosvalet, président du département de Loire-Atlantique, ayant dénoncé de propos « abjectes et racistes ». Il explique son dépôt de plainte contre Eric Zemmour car « ses paroles constituent une incitation à la haine qui est intolérable et qui porte atteinte aux mineurs pris en charge par le département ». Et d’ajouter : « Je veux surtout témoigner que les mineurs non-accompagnés pris en charge par le département de Loire-Atlantique manifestent une forte volonté d’insertion ».
Pour sa part, Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde et du groupe de gauche de l’Assemblée des départements de France (ADF), a déclaré, le 5 octobre, avoir « encouragé tous les présidents de conseils départementaux à porter plainte comme lui contre le chroniqueur » de CNews. Il déclare vouloir ainsi « faire barrage aux propos haineux et à caractère racistes » d’Eric Zemmour. Pour le Lot-et-Garonne, sa présidente Sophie Borderie tient à rappeler que « le racisme, la stigmatisation, la discrimination ne sont pas des opinions mais des délits ! ».
« Des jeunes fragilisés par des situations dramatiques »
Sur les 947 jeunes accueillis en Haute-Vienne dans le cadre de l'ASE, 15% sont des mineurs non-accompagnés. « Ils manifestent beaucoup de motivation comme en témoignent les retours que nous font les travailleurs sociaux et les associations qui les encadrent », affirme également Jean-Claude Leblois, le président de ce département. Pour sa part, Georges Méric, le président de la Haute-Garonne, dénonce des propos « intolérables et inacceptables » qui portent « gravement atteinte aux valeurs de la République ». Il tient à rappeler que « la prise en charge [des mineurs isolés] est destinée à leur permettre de s’insérer dans la société de la meilleure façon possible grâce à l’engagement des travailleurs sociaux ». De même, Philippe Martin, président du Gers, dénonce un « discours de haine à l’encontre des migrants mineurs que nous nous honorons d’accueillir, de protéger et de former ». La présidente du département du Finistère, Nathalie Sarrabezolles, s’insurge, elle aussi, contre « des propos racistes, tout simplement abjects, qui constituent une incitation à la haine et portent atteinte non seulement aux mineurs accueillis, mais à notre République et à nos valeurs, qui fondent la cohésion nationale. ». « Nous ne pouvons tolérer de telles paroles dans notre République, qui vont à l'encontre du devoir de protection vis-à-vis des jeunes fragilisés par des situations dramatiques », poursuit la présidente des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe.
Dans le même esprit, Jean-Jacques Lasserre, président des Pyrénées-Atlantiques, justifie son dépôt de plainte pour dénoncer un « discours [qui] stigmatise encore plus des populations déjà fragiles qui fuient la misère, la guerre et la haine dans leur propre pays. Il vient également mettre à mal le travail formidable des professionnels du département et de nos partenaires en faveur de ces mineurs ».
« Accompagnement par solidarité et humanité »
Interrogé par l’Est Républicain, Dominique Bussereau, président de la Charente-Maritime et de l’Assemblée des départements de France (ADF), a indiqué « soutenir tous ceux qui portent plainte ». Et d’ajouter : « Eric Zemmour est condamné à juste titre par la France entière. Je n’exclus pas de le faire en tant que président de la Charente-Maritime ou de l’ADF. Zemmour est tellement brutal que toutes les plaintes sont les bienvenues. Plusieurs départements s’inscrivent dans cette démarche. Ce sont pour l’instant souvent des départements dirigés par la gauche mais je ne doute pas que des conseils départementaux à majorité de droite feront la même chose ».
Sur son compte twitter, Dominique Bussereau estime que « les départements gèrent et financent l’accueil des mineurs non accompagnés par solidarité et humanité mais à cause des déficiences de l’Etat dans sa politique migratoire ».
Philippe Pottiée-Sperry
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