Des absences au travail pour raison de santé toujours élevées

Philippe Pottiée-Sperry
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Réalisée d’après les données de pas moins de 420 000 agents affiliés à la CNRACL, répartis dans 14 800 collectivités assurées pour toutes les natures d’arrêt (maladie ordinaire, maternité, longue maladie/longue durée et accident du travail), l’étude montre qu’en 2019, le taux d’absentéisme pour raison de santé se stabilise à un niveau élevé (9,8% dont 0,6% de congé maternité). Tout au long du dernier mandat municipal (2014-2020), après une hausse de 11% entre 2014 et 2017 du taux d’absentéisme, l’instauration du jour de carence depuis 2018 a permis de limiter le nombre d’arrêts. Mais des disparités importantes existent selon la nature des absences : alors qu’en maladie ordinaire, la fréquence et l’exposition baissent, en accident du travail et en maladie professionnelle, ils augmentent.

Selon Vincent Lelong, directeur général de Sofaxis, « l’étude révèle que le taux d’absentéisme pour raison de santé, bien que stabilisé depuis deux ans, reste élevé. Surtout, le vieillissement et la contraction des effectifs territoriaux représentent un enjeu majeur pour les prochaines années afin d’assurer la qualité et la performance du service public rendu aux usagers. Il est essentiel de prendre en compte cette situation et de pouvoir en anticiper les conséquences, en particulier sur la gravité des absences. »

La maladie ordinaire, première cause d’absence

Le taux d’absentéisme est le premier indicateur de la mesure des absences au travail pour raison de santé. Il mesure la part du temps de travail perdu en raison des absences. Il s’établit à 9,2% en 2019 (hors congé maternité). Comme chaque année, la maladie ordinaire est la première cause d’absence et représente une part supérieure à la moitié du taux d’absentéisme global. La durée moyenne d’arrêt s’établit à un peu plus de 47 jours en 2019 et varie selon les différentes natures d’absences au travail. La gravité continue sa progression entamée depuis plusieurs années. La fréquence (nombre d’arrêts) et l’exposition (nombre d’agents absents) restent stables par rapport à 2018. Ces deux indicateurs sont particulièrement soumis à l’influence de la maladie ordinaire, qui représente 80% des arrêts et près des 3/4 des agents absents. En 2018, ces deux indicateurs ont été impactés par la mise en place du jour de carence. Le coût moyen des absences par agent demeure à un niveau élevé mais stable (2152 € en 2019 contre 2134 € en 2018). Facteur important en matière d’absences au travail pour raison de santé, l’avancée en âge combinée à la pénibilité des métiers exercés génèrent des absences au travail qui progressent. Dans le détail, 48% des agents absents ont plus de 50 ans et 77% ont plus de 40 ans. A l’inverse, les moins de 30 ans représentent juste 5% des absents.

Fortes diversités selon les types d’absences

En maladie ordinaire, après une période d’augmentation régulière, l’introduction du jour de carence a engendré une baisse significative. Le nombre d’agents malades et le volume d’arrêts étant moins importants, la hausse de la gravité et des arrêts longs est mise en avant sur cette nature d’arrêt. Les arrêts maladie les plus longs diminuent. En revanche, les durées d’absences tendent à augmenter un peu plus chaque année. Ainsi, la longue maladie/longue durée se caractérise comme étant un risque moins important en volume mais dont la gravité augmente régulièrement.

L’accident du travail reste la nature d’absence qui augmente le plus pour l’ensemble des indicateurs : plus d’agents accidentés, plus d’accidents et des durées d’arrêt moyennes en augmentation continue. Pour sa part, la maladie professionnelle, qui engage une prise en charge de l’employeur équivalente à celle de l’accident du travail, présente une évolution similaire mais dans des proportions encore plus importantes. « Une meilleure prise en compte des maladies liées au travail et l’importance des troubles musculo-squelettiques (plus de neuf maladies sur dix) sont autant d’enjeux RH à relever au vu des conséquences humaines et financières qui en découlent », constate l’étude de Sofaxis.

L’impact du vieillissement

La population territoriale vieillit, l’âge moyen des actifs atteignant 47,7 ans en 2019 contre 43,9 ans pour l’ensemble des actifs des trois versants de la fonction publique. 63% des agents ont plus de 45 ans, 44% plus de 50 ans et 26% plus de 55 ans. À l’inverse, seulement 4,5% des effectifs ont moins de 30 ans. Selon un postulat de remplacement d’un agent sur deux, le volume des effectifs pourrait diminuer de 30% d’ici les deux prochains mandats dans l’ensemble de la fonction publique territoriale. À l’inverse, les moins de 40 ans seront de moins en moins nombreux. Conséquence : une hausse à prévoir de la gravité des arrêts, d’autant que les métiers territoriaux, souvent pénibles physiquement et/ou psychologiquement, sont exercés en milieu contraint (manutention de charges, postures pénibles, vibrations, bruits, agents chimiques, écart de température ...). A noter aussi que le coût des arrêts a progressé de +10 % entre 2014 et 2019. « L’enjeu de l’employabilité durable des agents devient ainsi clé », estime Sofaxis. Et de plaider pour « anticiper les problématiques d’usure professionnelle afin d’endiguer l’inaptitude et d’agir en prévision des carrières professionnelles à long terme ».

P.P.-S.

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