Disparition de Vanik Berberian, grand défenseur de la ruralité

Philippe Pottiée-Sperry
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Agé de 65 ans, Vanik Berberian s’est éteint, le 9 mars, après des mois de lutte acharnée contre un cancer. Maire de Gargilesse-Dampierre (300 habitants, Indre) et président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) durant 13 ans (2008-2020), il a été un grand défenseur de la ruralité avec plusieurs succès à la clé.

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Grâce à lui, l’AMRF a connu un important développement et fait entendre plus fort la voix des maires ruraux. Réélu aux municipales de 2020 dès le premier tour pour un sixième mandat, Vanik Berberian avait prouvé sa ténacité et son courage, demeurant encore vice-président de l’AMRF et président des maires ruraux de l’Indre. Inspirateur de l’agenda rural mais aussi du grand débat en 2019 pour sortir de la crise des Gilets jaunes, il fut le premier à lancer l’idée d’ouvrir grand les portes des mairies pour permettre aux habitants d’écrire leurs revendications sur des cahiers de doléances. Avec l’opération « mairie ouverte », « il fut de ceux qui surent transformer la colère en une énergie capable de construire des solutions », salue Emmanuel Macron, dans un long hommage. Et d’ajouter : « Dans cette période de déchirements, il joua un rôle essentiel pour notre démocratie, en contribuant à renouer le dialogue : il fut un grand conciliateur ».

« Un modèle d’engagement »

Homme de conviction, ce petit-fils d’immigré arménien, né à Paris en 1955, était aussi chaleureux et ne manquait pas d’humour comme le montrait son pseudo « défibrillators » sur Twitter où il réagissait fréquemment. Un clin d’œil à son défibrillateur implanté suite au diagnostic d’une cardiomyopathie hypertrophique. Elu maire en 1989 un peu par hasard, car personne ne s’était porté candidat à Gargilesse-Dampierre, il se dévoua et prit rapidement goût à ce mandat. Le président de la République rend encore hommage à « un homme politique qui s’est consacré corps et âme à sa commune et à la défense de la ruralité, à la vitalité du débat démocratique et de la République française ». Les réactions à la disparition de Vanik Berberian sont très nombreuses. Jean Castex, le Premier ministre, salue un élu qui « aimait passionnément la France et ses territoires. Son combat pour la ruralité et pour ses habitants restera un exemple et un modèle d’engagement ».

« Les maires perdent un ami »

« Les maires perdent un ami et une personnalité nationale et attachante. Ils se sentent orphelins, affirme pour sa part Michel Fournier, le président de l’AMRF. Amoureux de nos campagnes qu’il a sillonnées avec un regard bienveillant et complice, il laisse une empreinte sur l’évolution positive de la ruralité grâce à sa force de conviction et le rôle déterminant qu’il a eu dans l’émergence d’un Agenda rural. Vanik est l'un de ceux qui nous ont montré le chemin, sachons l'honorer de notre profonde amitié ». Pour le secrétaire d’Etat à la ruralité, Joël Giraud, « la République perd un maire d’exception. Notre meilleur hommage sera de donner vie et corps à son message pour les territoires ruraux », souligne-t-il. Pour sa part, le ministre des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a tenu à lui dire tout simplement « merci » en saluant « ses combats déterminés pour une ruralité fière d’elle-même ou pour son deuxième pays, l’Arménie ». Le président du Modem, François Bayrou, évoque Vanick Berberian, qui fut un temps membre de son parti, comme un « président enthousiaste des maires ruraux [qui] s’en est allé après un long combat. Je pense à lui, si engagé, si fidèle et malicieux ».

Hommage unanime des associations d’élus

Toutes les associations d’élus ont tenu également à lui rendre hommage. François Baroin et le bureau de l’AMF saluent la mémoire d’un « acteur engagé et passionné au service des communes rurales ». Christophe Bouillon et l’APVF (Association des petites villes de France) se disent « très attristés par la disparition de Vanik Berberian, un élu au service des territoires ». « Tristesse » aussi évoquée par Caroline Cayeux, la présidente de Villes de France, qui évoque « un maire engagé pour la défense de la ruralité et de ses richesses ». « Tristesse » encore pour France urbaine, ajoutant que « ses convictions et sa gentillesse faisaient de lui un partenaire estimé et apprécié de tous. Il nous manquera ». L’AdCF (Assemblée des communautés de France) rend elle aussi hommage à Vanik Berberian et son président, Sébastien Martin, tient à saluer « l’infatigable défenseur de la ruralité ». Au cours des dernières années, elle reconnaît que « l’AMRF et l’AdCF ont pu se retrouver en désaccord sur les réformes territoriales et les compétences intercommunales mais cela n’a jamais empêché les deux associations de dialoguer avec franchise, dans le respect mutuel, et de se retrouver autour de causes communes ». Ainsi, Vanik Berberian et Jean-Luc Rigaut, président de l’AdCF entre 2017 et 2020, s’étaient rapprochés pour chercher des convergences et veiller à la bonne intégration des petites communes dans le fonctionnement des intercommunalités élargies. Ces échanges ont notamment conduit à promouvoir les conférences de maires et les pactes de gouvernance.

Recherche inlassable de la meilleure solution

L’Unccas (Union nationale des CCAS) a tenu, elle aussi, à saluer la mémoire de l’ancien président de l’AMRF. « Vanik était le vivant représentant de ce qui attache nos compatriotes à la fonction de maire. Un élu à l’écoute, recherchant inlassablement la meilleure solution, la plus pratique et la plus efficiente surtout pour la population », estime Luc Carvounas, le président de l’Unccas. Et de se souvenir de celui qui « fut le plus actif de nos partenaires depuis de nombreuses années. Lorsque le législateur s’imaginait dissoudre les CCAS, c’est lui qui noua d’emblée une alliance pour défendre l’intérêt de l’action sociale locale au niveau des plus petites communes ».

Habitué des cabinets ministériels et des médias nationaux, Vanik Berberian n’en restait pas moins toujours abordable, disponible et chaleureux pour nous, journalistes de la presse territoriale. « Un bon client » comme on aime à dire dans le métier, sans langue de bois et toujours avec un bon mot. A nous aussi de lui rendre hommage et de saluer cet élu les pieds dans les territoires.

Philippe Pottiée-Sperry

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