Jean-Louis Borloo critique envers le gouvernement

Philippe Pottiée-Sperry
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Jean-Louis Borloo, ancien ministre de la Ville, a été auditionné le 15 janvier par la commission des Affaires économiques du Sénat. Près de deux ans après la présentation de son rapport « Vivre ensemble, Vivre en grand la République, Pour une réconciliation nationale » au président de la République, qui n’a été que partiellement repris par le gouvernement, c’est la première fois qu’il s’exprimait publiquement.

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Le principal initiateur de la politique de rénovation urbaine, et père de l’ANRU (Agence nationale de la rénovation urbaine) créée en 2005 (par la loi du 1er août 2003 -, a regretté que près de 10 millions de Français vivent dans une forme de relégation dans des quartiers ou des territoires ruraux délaissés et ne puissent pleinement participer à la croissance nationale. De ce fait, Jean-Louis Borloo a jugé que « la France a un moteur économique qui fonctionne sur trois cylindres au lieu de quatre ».

Niveau d’illettrisme le plus élevé de l’OCDE

« Un effort d’investissement dans les ressources humaines du pays est donc à la fois nécessaire et rentable pour trouver le relai de croissance économique et sociale dont la France a besoin », a-t-il justifié, contribuant au redressement des comptes publics et donnant un projet d’avenir à la jeunesse. Sévère, Jean-Louis Borloo a pointé le niveau d’illettrisme et d’illectronisme le plus élevé de l’OCDE faisant craindre un décrochage de plus en plus important de toute une partie de la population. Il a aussi regretté « une dispersion des moyens ou des capacités de décision qu'il est très compliqué d'avoir pour une action opérationnelle ».

Demande d’une commission d’enquête parlementaire

Interrogé par les sénateurs, il a réclamé une commission d’enquête parlementaire pour expliquer et comprendre « l’arrêt total » du plan de rénovation urbaine. Et l’ancien ministre de la Ville, en colère, de s’interroger : « Comment une disposition votée à l’unanimité, saluée par les mamans, les jeunes, les maires, 100 % des organismes HLM, a-t-elle pu s’arrêter sans que personne ne l’ait jamais décidé ? Cela mérite au moins une enquête démocratique »

Cour d’équité territoriale

Il a regretté qu’une Cour d’équité territoriale, proposée dans son rapport, n’ait pas été créée pour contraindre au comblement des inégalités entre les territoires. « Donner les mêmes moyens à tous est en effet indispensable avant toute politique d’exception », affirme-t-il. Par ailleurs, il défend la création d’une « Fondation du rêve républicain » pour porter financièrement cette politique. Elle regrouperait « toutes les forces » et devrait avoir « une quinzaine de Md€ de fonds propres par an, 150 Md€ d’actifs ». Pour Jean-Louis Borloo, il est « temps de passer de l’observation à l’action ».

9,5 Md€ de concours financiers

Le même jour que l’audition de Jean-Louis Borloo, l’ANRU a publié un communiqué, surement pas par hasard, pour indiquer qu’elle « a attribué plus de 9,5 Md€ de concours financiers aux projets de renouvellement urbain depuis 2018 ». Une façon de souligner qu’elle n’a pas été inerte ! Dans le détail l’agence affirme que les projets de transformation de 371 quartiers ont été validés. Et d’ajouter : « L’ensemble des opérations validées à ce stade conduiront dans ces quartiers à près de 32 Md€ d’investissements par tous les financeurs concernés ».Dans le communiqué de l’ANRU, Olivier Klein et Nicolas Grivel, président et directeur général de l’ANRU, se réjouissent qu’« avec plus de 80 % des projets NPNRU validés et un travail qui se poursuit ces prochaines semaines, nous aurons quasiment achevé la phase de définition des projets de transformation des 450 quartiers concernés ». Philippe Pottiée-Sperry
Philippe Pottiée-Sperry
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