La Fondation Abbé Pierre juge insuffisant le plan « Logement d’abord »

Philippe Pottiée-Sperry
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Présenté le 1er février dernier, le 24ème rapport annuel sur "L’état du mal-logement" de la Fondation Abbé Pierre tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Si le marché de l’immobilier affiche une bonne santé générale, 4 millions de personnes restent mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement.

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Un Français sur cinq est donc touché par le mal logement, pointe la Fondation. Cela concerne des personnes mal logées ou fragilisées par rapport au logement (surpeuplement, impayés de loyers, copropriétés en difficulté, précarité énergétique...)

Sort des personnes sortant d’institutions

Le rapport met en évidence le sort des personnes sortant d’institutions (aide sociale à l’enfance, prison et hôpital psychiatrique), souvent sans accompagnement ni solution de logement. Il montre que ces « sorties sèches », qui vont jusqu’à s’apparenter à des expulsions de fait, aggravent la détresse de personnes particulièrement vulnérables et les conduisent parfois « aux portes de la rue ».

« Des timides premiers pas »

Face au sans-abrisme, la Fondation soutient depuis des années des expérimentations en France et à l’étranger montrant que l’approche du « Logement d’abord », qui consiste à orienter directement les SDF vers un logement autonome, « est plus efficace et plus digne que les parcours chaotiques au sein du système d’hébergement d’urgence ». Cette philosophie reprise dans le plan gouvernemental, intitulé « Logement d’abord », est appliquée depuis 2018 avec la désignation de 23 territoires chargés de le mettre en oeuvre de manière accélérée. La Fondation Abbé Pierre évoque « un premier bilan des timides premiers pas, dans un contexte social et politique défavorable, marqué par les coupes budgétaires majeures subies par la politique du logement ».

Relogement de 70 000 SDF

Le 1er février, le ministre du Logement, Julien Denormandie, s’est félicité du relogement de 70 000 SDF grâce au plan gouvernemental. « C'est plutôt positif. Mais c'est un flux. Des gens s'en sortent pendant que d'autres tombent. Il faut tarir le flux, prévenir les ruptures, agir avant que les gens arrivent à la rue », a expliqué le même jour, sur France 3, Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre. Selon lui, le plan est « très bien sur la philosophie, mais le gouvernement a coupé dans le budget du logement comme jamais. Le nombre de logements sociaux construits sera divisé par deux ».

Demande d’« un financement supplémentaire immédiat »

Le rapport de la Fondation Abbé Pierre demande que le plan Logement d’abord bénéficie d’« un financement supplémentaire immédiat ». Il appelle l’Etat « à revenir sur la ponction subie par le monde HLM, pour redonner de l’air aux bailleurs sociaux et les inciter à s’engager davantage dans le plan Logement d’abord et à produire des logements vraiment très sociaux ». Et la Fondation Abbé Pierre de conclure : « Les graines du Logement d’abord sont plantées, il revient désormais à l’État, aux élus et aux acteurs locaux de les accompagner dans leur montée en puissance. Les personnes sans domicile n’ont pas de temps à perdre ».
Philippe Pottiée-Sperry
Philippe Pottiée-Sperry
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