La Fondation Abbé Pierre s’alarme de l’aggravation du mal-logement
Rendu public début février, le 26ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre s’alarme des conséquences sur le mal-logement de la crise sanitaire, économique et sociale.
« Cette situation inédite est intervenue dans un contexte de crise du logement déjà grave et bien ancrée, amplement démontrée lors des rapports précédents », constate-t-elle. Et d’ajouter : « Les épisodes de confinement et de couvre-feu ont reflété les inégalités de logement et remis au centre de nos vies l’importance cruciale de disposer d’un chez-soi décent ».
Pour les plus de 300 000 personnes sans-domicile, à la rue ou dans des hébergements d’urgence, la crise a suscité un bouleversement dans un système d’aide déjà fragile et sous tension, malgré la mobilisation d’acteurs publics et associatifs.
Le plan de relance, « une occasion manquée »
La crise apparait de plus en plus porteuse de conséquences durables, estime la Fondation Abbé Pierre avec la chute de la production de logements, notamment de logements sociaux, le blocage des attributions HLM, la montée des impayés, l’accroissement de la précarité et du chômage, la rupture de suivis sociaux, les destructions d’emplois à venir, l’endettement généralisé…
Tout en reconnaissant aux politiques publiques d’avoir été réactives pour limiter la casse sociale, elle regrette qu’il s’agisse trop souvent « de mesures conjoncturelles et insuffisantes ». Selon le rapport, « le plan de relance apparaît, pour tous ces chantiers indispensables, comme une occasion manquée pour changer profondément et durablement les priorités de la puissance publique ». Sur la rénovation énergétique des logements, bien que présentée comme centrale dans le plan de relance, il évoque des « limites au regard de l’ambition dont elle fait l’objet ». Il appelle à « un changement de braquet sur les questions sociales et écologiques, mais aussi à un sursaut collectif pour faire de la fraternité une des valeurs cardinales de notre société ».
Demande de réformes d’ampleur
La Fondation Abbé Pierre demande des réformes d’ampleur de la politique du logement de long terme, un sujet selon elle qui devra être posé lors de la campagne présidentielle de 2022. Elle affirme ainsi plusieurs priorités : établir un revenu minimum garanti pour éradiquer la grande pauvreté monétaire ; encadrer les marchés et redistribuer la rente immobilière ; produire des logements en évitant d’artificialiser des terres et adapter le logement neuf et ancien aux aspirations post-Covid (espaces verts, superficie, télétravail…) ainsi qu’aux besoins grandissant des ménages (vieillissement, handicap, isolement…) ; mieux financer le logement social et faire du Logement d’abord un axe central de la politique du logement et de l’action sociale ; éradiquer les passoires énergétiques en dix ans…
Sur ce dernier sujet, la Fondation Abbé Pierre demande notamment la mise en place d’un « véritable » service public pour la performance énergétique des bâtiments au niveau local, de l’identification au suivi post-travaux. Selon elle, l’assistance à la maitrise d’ouvrage doit être plus systématique en cas d’aides publiques, la formation des artisans doit être renforcée. Pour atteindre 800 000 rénovations globales par an en rythme de croisière, les sommes et les compétences en jeu sont importantes. Dans une logique de justice sociale, elle plaide pour apporter des moyens financiers suffisants, pour subventionner intégralement les travaux de rénovation complets et efficaces des ménages très modestes dans le cadre du programme Habiter Mieux de l’Anah.
P.P.-S.
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