Le modèle des Ehpad de moins en moins adapté

Philippe Pottiée-Sperry
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Pour alimenter le débat, l’Odas (Observatoire national de l’action sociale) et La Banque Postale rappellent leur étude récente sur la situation financière des Ehpad et l’état actuel de l’accompagnement proposé aux personnes âgées en perte d’autonomie. Sa première partie propose une analyse détaillée de la population des personnes âgées, de leur lieu de résidence, du poids de la perte d’autonomie et des dispositifs d’aide. Le soutien à domicile concerne 92% des plus de 75 ans, avec modèle économique difficile qui repose sur des financements publics de plus en plus contraints et une solvabilité fragile des bénéficiaires.

Un choix contraint

L’entrée dans les Ehpad et les unités de soin longue durée « relève souvent d’un choix contraint », note l’étude. Et de constater que ces établissements sont surtout devenus « des lieux de fin de vie, peu ouverts sur le monde extérieur, avec un poids de plus en plus important du sanitaire, en matière de normes et d’environnement ». De plus, ils ne favorisent pas le lien social ou la citoyenneté des résidents alors que 43% d’entre eux sont moyennement ou peu dépendants. D’un point de vue prospectif, l’Odas estime que, quel que soit l’effort public décidé en matière d’établissements, il faut considérer en priorité le soutien à domicile qui concerne la grande majorité des personnes âgées d’au moins 75 ans, même dépendantes.

Situation difficile pour le personnel et les gestionnaires

Par ailleurs, l’étude souligne un coût élevé pour les résidents de l’hébergement en établissement, ces mêmes résidents hésitant à recourir à l’aide sociale à l’hébergement qui est soumise à obligation alimentaire et récupérable sur succession. Du côté du personnel, les salaires restent faibles avec des effectifs insuffisants. Conséquence : la disponibilité pour entretenir la relation humaine est peu prise en compte.

La situation n’est pas vraiment meilleure pour les gestionnaires avec une lourdeur de gestion (comptabilité avec trois budgets, hébergement, dépendance et soins), un absentéisme du personnel, des difficultés croissantes d’embauche en raison de la faible attractivité des métiers de l’aide ou encore le risque d’une baisse des demandes suite à la pandémie. Pour le département et l’ARS, le constat est une certaine lourdeur des procédures, relatives notamment à la tarification tripartite.

Situation financière satisfaisante

La seconde partie de l’étude traite de la situation financière des Ehpad en 2019 ainsi que des premiers impacts financiers pour les années 2020 et 2021, en lien avec une actualité réglementaire très forte dans le contexte de la crise sanitaire. Cette situation financière est jugée globalement satisfaisante et en légère amélioration depuis 2014 pour les Ehpad publics autonomes (taux de capacité d’autofinancement de 6,5 %, délai de désendettement de 8 années et demi). Bonne note également pour les Ehpad rattachés à des CCAS (taux de capacité d’autofinancement de 5 %, délai de désendettement d’un peu moins de 8 ans). Ces deux catégories sont en excédent. En revanche, la situation apparaît moins favorable en 2019 pour les Ehpad rattachés à des hôpitaux publics qui sont en déficit.

P.P.-S.

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