Le Sénat adopte le projet de loi « Economie circulaire »

Philippe Pottiée-Sperry
Image

Le Sénat a adopté le 27 septembre le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, avec 342 voix pour et 1 voix contre. Mais sans surprise, la tension fut forte sur la disposition du gouvernement instaurant une consigne pour recyclage des bouteilles plastiques qui fut massivement rejetée par 300 voix, les sénateurs préférant la solution d’une consigne pour réemploi et réutilisation. Et d’expliquer leur rejet du dispositif qui, selon eux, légitimerait l’usage du plastique.

Partager sur

Les différents groupes politiques du Sénat ont fait front uni, relayés par les associations d’élus locaux, pour s'opposer à la consigne pour recyclage des bouteilles plastique. « La généralisation d’une consigne pour recyclage est un non-sens environnemental, social et économique », a estimé Marta de Cidrac, rapporteure (LR) du projet de loi au Sénat, avant de rappeler que les bouteilles en plastique représentaient moins de 1% des déchets ménagers qui étaient bien collectés aujourd’hui.

Un gain financier pour les collectivités

Les efforts de Brune Poirson, la secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, n’ont pas servi à grand-chose. Afin de rassurer les sénateurs sur le manque à gagner des collectivités suite à la mise en place de cette consigne, l’amendement du gouvernement prévoyait que la collecte des bouteilles en plastiques éligibles à la consigne, mais déposées dans un bac jaune, serait reversée aux collectivités. Un dispositif à qui rapporterait, selon l’exécutif, « un gain financier pour les collectivités compris entre 50 et 124 M€ ».

Généraliser le tri à la source et la collecte séparée

Un certain consensus a existé sur le reste du texte qui prévoit notamment d’interdire l'élimination des invendus des produits non alimentaires, encore utilisables, ou de renforcer la responsabilité des producteurs et de mettre en place de nouvelles filières à responsabilité élargie des producteurs (filières REP). Autres mesures prévues : instaurer un nouveau cadre relatif à la vente et aux conditions de reprise des produits usagés, la responsabilisation des plateformes internet de vente en ligne, ou de mise en relation et préciser les dispositions relatives à la consigne. Le projet de loi contient aussi une habilitation du gouvernement à prendre par voie d’ordonnance des mesures relatives à la généralisation du tri à la source et de la collecte séparée, au recyclage des biodéchets, aux sanctions applicables dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs (REP) et à la lutte contre les dépôts sauvages.

Améliorer la gestion des déchets du bâtiment

Sur le rapport de la commission sénatoriale d’aménagement du territoire et du développement durable, plusieurs modifications ont été apportées au projet de loi afin de :-lutter contre l’ensemble des déchets plastiques, en s’attaquant notamment au suremballage, à la production excessive de plastique et aux pollutions de l’eau et des milieux aquatiques par les déchets ;-aider le consommateur à être éco-responsable, en particulier en encadrant les messages publicitaires incitant à renouveler des produits encore en état de marche et en renforçant les informations relatives aux qualités environnementales des produits ;-améliorer la gestion des déchets du bâtiment, en facilitant l’accès aux points de collecte des déchets et en améliorant leur traçabilité.

Un fonds spécifique pour le réemploi solidaire

En séance publique, le Sénat a également apporté bon nombre de modifications, notamment pour préciser l'objectif de politique nationale de prévention et de gestion des déchets ménagers en fixant un taux minimal de 5 % des tonnages de ces déchets réemployés ou réutilisés d'ici 2030. Autre disposition votée : intégrer une initiation à la réparation, à la mécanique et à l’entretien des produits dans les enseignements du collège. Le Sénat a par ailleurs créé un fonds spécifique pour le réemploi solidaire, contribuant par le biais de concours financiers au développement et au fonctionnement d’associations œuvrant à la sensibilisation à l’environnement, à la prévention des déchets notamment par le réemploi et au traitement des déchets par la réutilisation. Il est prévu une contribution financière des éco-organismes. P.P.-S. 
Philippe Pottiée-Sperry
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire