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Les maires reprennent du poil de la bête

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité, et en partenariat avec l’AMF, le Cevipof/Sciences Po a réalisé une 3ème enquête auprès de 4355 maires à l’approche des municipales de mars 2020. Principal constat : un esprit plus combatif que l’an passé.

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Ce résultat s’explique en partie par les effets du grand débat national et des annonces à son issue par le président de la République. Selon Martial Foucault, professeur à Sciences Po et directeur du Cevipof, le projet de loi Engagement et proximité, en cours d’examen au Parlement, « propose des éléments de réponse à ce que nous avions pu identifier, lors de l’enquête d’octobre 2018, comme sources d’insatisfaction des maires, en particulier autour des relations entre les communes et leur intercommunalité ».

Aujourd’hui, 60% des maires (contre 45% il y a un) estiment que la situation de leur commune s’est améliorée au cours des cinq dernières années. Toujours au registre du bilan, pas moins de 90% d’entre eux jugent que leur commune est en bonne santé financière (contre 80% l’an passé). Mais ce bilan tranche avec la représentation des Français de la situation financière de leur commune (en moyenne 2,5 fois plus pessimistes que leur maire).

Seulement 28 % veulent abandonner

Cet esprit plus combatif des maires explique donc une proportion plus élevée prête à se représenter en mars 2020. En 2018, ils étaient 50% à vouloir jeter l’éponge. Un an plus tard, ils sont 48% certains de se représenter, 23% restent indécis et 28% déclarent vouloir abandonner. Des résultats qui s’ils se confirment lors du scrutin de 2020 ressembleraient à ceux de 2014 en termes de renouvellement. Le taux d’abandon varie presque du simple au double entre les communes de moins de 3500 habitants et celles de plus de 30 000 habitants. « L’effet taille des communes continue à jouer sans pour autant opposer les ‘maires ruraux décrocheurs’ aux ‘maires urbains résilients’ », analyse le Cevipof. En réalité, il existe un seuil autour des communes de moins 3500 habitants : les maires appartenant à cette strate sont partagés entre ne pas se représenter (30%), se représenter (46%) et décider plus tard (24%).

Conciliation entre vie personnelle et professionnelle

Les résultats confirment que la conciliation entre vie personnelle et professionnelle et la fonction de maire arrive en tête des motifs de non candidature en 2020. Pour 55% des maires des communes de 5 à 10 000 habitants, le mandat de maire exerce même une influence négative sur leur vie personnelle. La question des intercos continue de susciter des controverses autour de la taille XXL de certains regroupements (25% de maires considèrent que leur interco fonctionne mal). Malgré tout, 54% ne souhaitent pas s’engager dans un processus de révision à la baisse ou à la hausse du nombre de communes au sein de leurs intercos.

74% des maires de petites villes se représenteront

De son côté, l’APVF (Association des petites villes de France) a réalisé aussi une enquête (2) montrant que 74% des maires de cette strate comprise entre 2500 et 25 000 habitants disent vouloir se représenter en 2020, et cela malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés. En revanche, 23% des maires de petites villes déclarent qu’ils ne seront pas candidats à un nouveau mandat en mars prochain.« La part importante de maires souhaitant se représenter s’explique en partie par l’important turn-over de 2014 dans les petites villes », explique l’APVF. La plupart des nouveaux élus de 2014 souhaitent ainsi effectuer un nouveau mandat. Seulement 3% des maires indiquent ne pas avoir encore pris leur décision. L’APVF estime que ces chiffres sont différents de ceux des autres enquêtes, « car la part de maires ne souhaitant pas se représenter est plus importante dans les communes rurales de moins de 2500 habitants ».

50% renoncent en raison de leur âge

Parmi les maires de petites villes ne souhaitant pas se représenter, 58% évoquent la volonté de ne pas faire trop de mandats et 50% leur âge. Ils sont 26,5% à mettre en avant la perte de marge de manœuvre financière pour expliquer leur choix, 20% le manque de considération de l’Etat et 18,3% l’absence d’un véritable statut de l’élu. Les élus évoquent également, mais dans une moindre mesure, la lassitude (16,7%), les transferts de pouvoir à l’interco (16,5%) ou encore la charge de travail (15%). L’APVF se sert de cette enquête pour estimer qu’elle la conforte dans ses combats comme la demande d’une compensation à l’euro près des communes dans le cadre de la suppression de la taxe d’habitation, la mise en place de mesures de souplesse pour redonner du pouvoir aux maires au sein de l’interco ou la création d’un véritable statut de l’élu (hausse des indemnités, accompagnement des élus en fin de mandat pour un retour à la vie professionnelle…). Philippe Pottiée-Sperry
(1) Enquête réalisée à partir du fichier des maires de l’AMF et administrée en ligne entre le 12 octobre et le 7 novembre 2019. Elle a été envoyée à 33 279 maires avec un taux de réponses de 13 % (4355 réponses complètes de maires).(2) Près de 400 maires de petites villes (environ 10%) ont répondu à l’enquête de l’APVF lancée fin octobre.
Philippe Pottiée-Sperry
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