Les organismes fonciers solidaires défendent leur rôle

Philippe Pottiée-Sperry
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Rendre possible l’accession à la propriété aux ménages dépourvus des ressources nécessaires pour acheter aux prix du marché. Cette préoccupation s’est largement exprimée lors des 2èmes rencontres du réseau national des organismes fonciers solidaires (OFS).

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Organisées à Rennes les 6 et 7 novembre, elles ont permis de valider les statuts du réseau. Elles ont également démontré que les 350 élus et professionnels de l’habitat n’ont pas du tout l’intention de baisser les bras en dépit de l’explosion des prix du foncier dans de nombreux territoires. Selon le rapport du député Jean-Luc Lagleize, remis à Julien Denormandie, ministre chargé du Logement et de la Ville, le 6 novembre, la hausse est estimée à 71% en dix ans sur le foncier et à 24% sur les coûts de construction. Pour mémoire, le dispositif des OFS dissocie la propriété du foncier qui appartient à l’organisme de celle du bâti qui revient au ménage acquéreur. Un bail réel et solidaire (BRS) fixe les modalités de la location du foncier et le montant de la redevance.

Étendre la capacité d’intervention des OFS

« La philosophie de ce dispositif est fondée sur la non-lucrativité et la volonté de conserver la vocation sociale des logements sur le long terme même en cas de revente », explique le vice-président en charge de l’habitat et du logement de Rennes Métropole, Honoré Puil. « Les participants ont réaffirmé leur attachement à cette philosophie et se sont interrogés sur la finalité d’une proposition du rapport Lagleize de créer un nouveau modèle d’organisme foncier. » À leurs yeux, il faudrait plutôt étendre l’intervention des OFS actuels à de nouveaux champs d’action tels que l’acquisition de logements HLM ou la participation à la rénovation énergétique d’immeubles anciens.

Plus de 30 propositions remises au gouvernement

Outre ces deux évolutions, une trentaine de propositions destinées à conforter le modèle OFS-BRS et à accompagner son développement ont été présentées à Emmanuel de Lanversin, adjoint au directeur de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, représentant Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement. Parmi celles-ci figure la création d’un observatoire des modes de fonctionnement des OFS-BRS. Une assemblée générale est d’ailleurs programmée à Paris, le 18 décembre, pour en formaliser la constitution. « L’observatoire permettra de consolider à l’échelle nationale un ensemble de données hétérogènes sur les fonctionnements des OFS-BRS : formes juridiques, gouvernance, modèles économique, revente, redevance, charges foncières… », poursuit Honoré Puil.

Renforcer les liens des OFS avec les collectivités

La structuration du réseau que les participants aux rencontres veulent mettre en place doit aider les OFS à mieux peser auprès des pouvoirs publics pour faire avancer leurs propositions dont certaines visent à renforcer les liens avec les collectivités locales. Par exemple en les incitant à se doter des instruments de régulation du foncier tels que les servitudes de mixité sociale ou en veillant à une bonne intégration de l’outil OFS-BRS aux politiques locales de l’habitat. Enfin, les 2èmes rencontres du réseau national des OFS ont été l’occasion de dresser un premier bilan et de tracer des perspectives. Anne-Katrin Le Doeuff, directrice générale déléguée d’Espacité, y a présenté quelques chiffres clés. Les OFS agréés sont passés de 4 en 2017 à 19 aujourd’hui et les premiers cinq logements BRS sont livrés en cette fin d’année tandis que 500 le seront en 2020. Enfin, d’ici à 2024, environ 10 000 logements s’inscriront dans ce dispositif. Victor Rainaldi
Philippe Pottiée-Sperry
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