Les maires de banlieue veulent se faire plus entendre
L'association d’élus Ville & Banlieue va fêter cette année ses 40 ans. Organisant depuis mi-mars un tour de France des régions, elle veut se faire plus entendre du gouvernement sur l’ANRU ou les prochains contrats de ville. Prévu initialement en décembre dernier, le Comité interministériel des villes n’est toujours pas à l’agenda.
Les 18 et 19 octobre, à Lyon, l'association des maires Ville & Banlieue de France fêtera ses 40 ans. « Notre vocation est de faire entendre la voix des villes populaires et de leurs habitants », estimait Gilles Leproust, son président, lors d’un point de presse organisé le 30 mars. Selon le maire d’Allonnes (72), « nos villes restent trop souvent dans l’angle mort des politiques publiques. Nous sommes fiers d’être les porte-paroles des invisibles ».
Regroupant 70 villes pour trois millions d’habitants, l’association a lancé, mi-mars, un tour de France des régions pour recueillir « les demandes, les colères et les solutions proposées par les élus et les habitants des quartiers », explique Gilles Leproust. Tout ce travail devrait aboutir à « un appel de Lyon », à l’occasion des 40 ans, en essayant d’y adjoindre d’autres collectivités comme les départements et les régions.
Attente d’un CIV et de Quartiers 2030
Ville & Banlieue déplore que le Comité interministériel des villes (CIV), prévu initialement en décembre dernier, ne soit toujours pas à l’ordre du jour avec donc aucune annonce en vue. « C’est aussi le grand mystère sur Quartiers 2030 et nous restons dans l’attente de la parole du président de la République », pointe Anne-Claire Boux, adjointe à la maire de Paris et trésorière de l’association, qui demande une concertation sur le sujet avec toutes les associations d’élus. Ville & Banlieue a envoyé, début mars, un courrier à Emmanuel Macron pour demander d’être reçue à l’Elysée.
Rendez-vous, le 7 avril, avec Elisabeth Borne
Un rendez-vous a beau être prévu, le 7 avril, avec Elisabeth Borne et Olivier Klein, ministre du Logement et de la Ville, l’association reste sceptique. Elle tient néanmoins à en profiter pour souligner ses inquiétudes et insister sur les besoins financiers, plus nécessaires que jamais en cette période de crise sociale et énergétique, avec une inflation touchant particulièrement les habitants des quartiers. « La politique de la ville ne peut pas être la rustine quand les services publics disparaissent », prévient Anne-Claire Boux.
Quid des moyens de l’ANRU ?
Autre sujet d’inquiétude : l’avenir et les moyens de l’ANRU (Agence nationale de la rénovation urbaine). « Au final, ce sont nos villes qui seront pénalisées », s’alarme le président de Ville & Banlieue. « Nous ne sommes pas là pour nous plaindre, s’emporte Gilles Leproust. Nous sommes des territoires de solutions et les gouvernants devraient plus venir nous voir pour s’en inspirer et généraliser les initiatives positives ».
« Il faut donner une place plus importante à l’ANRU, poursuit Anne-Claire Boux. Avec des moyens pérennes pour les quartiers et non pas au coup par coup ». Pour sa part, Damien Allouch, maire d’Epinay-sous-Sénart (91) et secrétaire général de l’association, plaide pour « une ANRU plus agile ». « Il faut plus de coordination sur les projets de rénovation urbaine, notamment en complémentarité avec l’ANAH », précise-t-il.
Le risque d’« une année 2024 catastrophique »
Sur l’ANRU, la position de Ville & Banlieue est donc d’obtenir un « abondement budgétaire du gouvernement » et une « agence pérenne plutôt que des programmes successifs PNRU afin d’accélérer la réalisation des projets ».
Le maire d’Allonnes estime que « le budget actuel de l’ANRU ne permettra pas de financer tous les avenants, Catherine Vautrin [présidente de l’ANRU] le reconnaît elle-même ». Dans ce contexte, il craint « une année 2024 catastrophique ».
Plus de souplesse pour les contrats de ville
Pour la préparation des prochains contrats de ville, prévus pour début 2024, Gilles Leproust estime que la « condition de leur efficacité passe par un droit commun ciblé sur les quartiers ». Il défend aussi plus de souplesse permettant « les solutions les plus pertinentes pour chaque territoire ». « Nous avons eu un accord de principe d’Olivier Klein », note-t-il en précisant que les quatre piliers des contrats (plein emploi, transition écologique, promotion de l’éducation, tranquillité et sécurité publique) ne devraient pas s’appliquer partout de la même façon.
La prochaine génération des contrats de ville débutera le 1er janvier 2024 pour s’achever en 2030, avec un point d’étape prévu à mi-parcours en 2027. Installée le 6 mars, la commission « Participation citoyenne dans les quartiers », présidée par Mohamed Mechmache, doit notamment contribuer à renforcer la concertation avec les habitants dans l'élaboration des nouveaux contrats.