Mobilisation sur les métiers du grand âge

Philippe Pottiée-Sperry
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Les métiers du grand âge souffrent d’une forte pénurie de candidats alors que les besoins, déjà très importants, ne cesseront de croître. Sur la base de ce constat, Myriam El Khomri a remis son rapport sur l’attractivité des métiers du grand âge, le 29 octobre, à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé.

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Estimant que ce rapport dresse des « constats essentiels sur la valorisation des métiers, la formation et la qualité de vie au travail des professionnels intervenant à domicile et en établissement », la ministre a dit partager « l’ensemble des objectifs » fixés.

Aujourd’hui, les professions d’aide-soignant ou d’accompagnant éducatif et social sont peu attractives car mal rémunérées, en particulier au domicile, et avec des conditions d’exercice très difficiles dues au manque d’effectifs et à une forte pénibilité. Myriam El Khomri reconnaît « des efforts indéniables » des pouvoirs publics (Etat, départements et régions) pour tenter de restaurer l’attractivité de ces métiers mais « aux effets insuffisants ».

59 mesures proposées

L’ancienne ministre du Travail appelle à « une mobilisation nationale » en formulant 59 mesures déclinées en plusieurs axes. En premier lieu, il s’agit d’assurer de meilleures conditions d’emploi et de rémunération en ouvrant 18 500 postes supplémentaires par an d’ici 2024 ou en remettant à niveau au plus tard le 1er janvier 2021 les rémunérations inférieures au SMIC dans les grilles des conventions collectives à domicile. Second axe : donner une priorité à la réduction de la sinistralité et à l’amélioration de la qualité de vie au travail.

Moderniser les formations

Le rapport plaide aussi pour moderniser les formations et changer l’image des métiers. Cela passerait notamment par la suppression du concours d’aide-soignant en le remplaçant par une inscription dans les centres de formation via Parcours sup. Autres mesures préconisées : le développement de la VAE et de l’apprentissage, la gratuité de la formation ou la réduction drastique de l’éventail des diplômes reconnus. Enfin, le rapport chiffre les différentes mesures à 825 M€ par an dont plus de la moitié pour les recrutements, le reste se partageant entre le renforcement des dispositifs de sécurisation des étudiants ou la restructuration de l’offre de formation. La création de « plateformes départementales des métiers du grand âge », sites d’information sur les formations et les filières, coûterait 100 M€.

Réunion prochaine d’une conférence sociale

A l’issue de la remise du rapport El Khomri, la ministre de la Santé et des Solidarités a précisé sa méthode et son calendrier, en précisant qu’il doit « nourrir la mobilisation nationale voulue par le gouvernement en faveur des métiers du grand âge et de l’autonomie ». Mais sans préciser pour l’instant la question des financements. Une conférence sociale, réunissant collectivités, partenaires sociaux et employeurs, doit se tenir prochainement. Elle visera à « mettre en ordre de marche l’ensemble des responsables pour déployer les mesures ayant trait à l’amélioration de la qualité de vie au travail, de la formation et des rémunérations, particulièrement dans le secteur du domicile ».

Projet de loi fin 2019

Agnès Buzyn doit proposer au Premier ministre de nommer très rapidement « une personnalité qualifiée pour organiser et assurer le suivi de cette conférence sociale ». Les mesures relevant des champs de compétences des régions et des départements seront soumises à une concertation spécifique et pourront passer par une contractualisation entre l’Etat et ces collectivités. Enfin, les mesures arrêtées s’intégreront au projet de loi sur le grand âge et l’autonomie, qui doit être présenté à la fin de l’année. Philippe Pottiée-Sperry
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