Parrainage des maires : fin de non-recevoir de l’AMF à Zemmour

Philippe Pottiée-Sperry
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Eric Zemmour a appelé, le 6 janvier, sur Europe 1, le président de l’AMF, David Lisnard, à l’aider pour obtenir le parrainage suffisant de maires afin de pouvoir se présenter à la présidentielle. « Je lui propose de demander aux maires de faire un pool de signatures et de donner les signatures à tous les candidats qui sont au minimum à 5 ou 8% dans les sondages », a-t-il déclaré. Selon le candidat d’extrême droite, « ce serait une mesure démocratique et je ne parle pas seulement pour moi »,

Dans un communiqué, le président de l'AMF lui a formulé une fin de non-recevoir en rappelant que la règle des parrainages « est du seul ressort législatif et donc de la compétence du gouvernement et du Parlement ». De plus, il rappelle que ce droit de parrainage des maires est « une compétence individuelle et tracée ». Et d’ajouter : « L’AMF ne peut être, et n’a pas à être, l’intermédiaire entre les maires et les candidats à l’élection présidentielle en recherche de leurs 500 parrainages ».

Ouverture à des parrainages citoyens

Tout en soulignant « qu’il existe un usage établi de ne pas changer les règles à 100 jours d’une élection, ce qu’Éric Zemmour, analyste depuis des décennies de la politique française, sait forcément », David Lisnard demande au gouvernement de faire connaître son approche et ses éventuelles intentions sur cette question. Par ailleurs, il indique que l’AMF reviendra sur le sujet, dont il avait saisi le 29 décembre les membres du bureau, « afin que l’association se prononce sur le dispositif actuel et formule le cas échéant des propositions, hors de toute pression ». Il plaide ainsi pour une réflexion, en début de quinquennat, « sur l’évolution éventuelle des règles relatives à l’élection présidentielle, afin que celles-ci soient, si nécessaire, modernisées puis stabilisées, dans le respect de l’esprit des institutions pour éviter les candidatures fantaisistes ou dangereuses, tout en garantissant la bonne représentativité du peuple français ». Et de rappeler plusieurs pistes déjà évoquées comme le retour à l’anonymat des parrainages, la possibilité pour les maires d’accorder deux parrainages, l’un de soutien, l’autre dit « républicain », comme Jacques Pélissard l’avait proposé en 2012, ou encore l’ouverture à des parrainages citoyens, comme l’ont proposé les commissions Balladur et Jospin, « ce qui à titre personnel recueille mon agrément », indique David Lisnard.

Demande de l’anonymat des maires

Par ailleurs, Eric Zemmour, au micro d’Europe 1, a demandé, comme d’autres candidats, l’anonymat des maires donnant leur parrainage, en contestant la loi de 2016 ayant instauré la publication des noms des parrains des candidats. Un « scandale démocratique », aboutissant à des « pressions » sur les élus, a-t-il jugé. Le candidat d’extrême droite a indiqué une nouvelle fois, disposer à ce jour, de 300 promesses de parrainages sur les 500 nécessaires.

Pour rappel, la collecte des parrainages débutera officiellement au plus tard le 30 janvier 2022, et le dépôt auprès du Conseil constitutionnel s’achèvera au plus tard le 4 mars 2022, pour une publication de la liste des candidats au plus tard le 11 mars 2022. Le calendrier sera fixé par le décret convoquant les électeurs qui sera publié au moins dix semaines avant le scrutin.

Jean-Luc Mélenchon défend des parrainages citoyens

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a également alerté, le 10 janvier, sur la difficulté d’obtenir les parrainages (391 promesses recueillies à ce jour). Et de demander au gouvernement de reprendre la proposition de loi organique du groupe LFI défendant la création d’une procédure de parrainages citoyens pour la candidature à l'élection présidentielle. Le candidat souhaiterait la voir adopter d’ici fin janvier, date du début officiel de la collecte des parrainages. Mais sa demande n’a quasiment aucune chance d’aboutir. Le même jour, au micro de France Inter, Christophe Castaner, le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, a reconnu qu’il faudrait « aujourd'hui donner plus de liberté de candidature » tout en affirmant que « nous n'allons pas modifier le texte par opportunisme pour tel ou tel candidat à l'approche de l'élection ».

P.P.-S.

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Philippe Pottiée-Sperry
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