Régions : un rôle de premier plan dans la relance
Selon la sénatrice Elisabeth Lamure (LR-Rhône), présidente de la délégation aux entreprises du Sénat, « les régions ont un rôle essentiel à jouer dans la sortie de crise pour les entreprises, mais en ont-elles les moyens financiers et juridiques ? ».
Auditionné le 18 mai par la délégation, François Bonneau, président délégué de Régions de France et président de la région Centre-Val de Loire, a estimé que si le niveau des outils de gestion de la crise avait connu de bonnes avancées, en revanche « on esquisse seulement les discussions avec l’État sur le plan de relance ».
« New deal industriel et environnemental »
Dès la fin mars, les régions ont proposé pour la reprise de lancer un « New deal industriel et environnemental », avec un rôle clé pour elles dans la définition d'une nouvelle politique industrielle. Mais, en prélable, les régions réclament à l’Etat « une compensation de la forte baisse de leurs recettes et leur consolidation en 2020 et 2021, faute de quoi leurs investissements baisseraient de moitié ». Pour Élisabeth Lamure, « une telle situation serait dramatique car la relance passera aussi, et même beaucoup, par la commande publique, en particulier par l’investissement des collectivités locales ».
Renforcer la dimension régionalisée de Bpifrance
Pour éviter la prédation d’entreprises françaises par des entreprises étrangères, « il faut construire avec l’État un cadre juridique permettant une capacité d’intervention. Et avec la crise, les attentes des entreprises portent aussi sur le portage des bâtiments », a affirmé François Bonneau. La dimension régionalisée de Bpifrance doit par ailleurs être renforcée.
Les questions évoquées avec les sénateurs ont porté sur de nombreux autres sujets comme la relocalisation de productions (produits pharmaceutiques, voitures…) qui « nécessite une vraie chaîne de relocalisation, intégrant la R&D et la formation, ainsi qu’une affirmation politique au plan national et européen ». Pour François Bonneau, « il est plus que temps qu’il y ait une prise de conscience collective en Europe. Il ne peut pas y avoir de développement économique national sans passer par l’Europe et il serait illusoire qu’un État membre fasse cavalier seul ».
Plus de décentralisation
Le président délégué de Régions de France a par ailleurs été critique sur la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Il a partagé l’inquiétude des sénateurs à cet égard, les régions n’ayant plus la même responsabilité ni capacité d’intervention dans ce domaine.
En conclusion, pour Élisabeth Lamure, « les régions se sont remarquablement mobilisées dans la gestion sanitaire et économique de la crise, alors même que cela ne relevait pas directement de leur champ de compétence. L’État doit maintenant leur donner les moyens de participer pleinement à la conception et à la gestion du plan de relance. La décentralisation est plus que jamais d’actualité ! »
P.P.-S.