Une rentrée scolaire sous tension
Pour les 12,8 millions d’élèves et les 866 500 enseignants, cette rentrée scolaire du 1er septembre ne ressemble à aucune autre. Si pour le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, « il est évident que tous les enfants doivent retrouver le chemin de l'école », il reconnaît que des fermetures d’établissement seront possibles en cas de Covid-19 identifiés.
Le protocole sanitaire, élaboré en juillet avant le rebond épidémique, « n'a pas vocation, dans ses grands principes, à varier », a précisé le ministre. Au sujet du masque, tous les adultes devront le porter, y compris les enseignants de maternelle. Concernant les enfants, ils doivent le porter à partir de la classe de 6ème. En primaire, les élèves n'auront pas à porter de masque, mais le ministre n'a pas exclu de l'imposer d'ici quelque temps aux classes de CM1 et CM2. Les étudiants seront également concernés. Pour tenir compte de l’impact du confinement sur le niveau scolaire de chaque élève, une aide sera possible avec la création de 1688 postes dans le premier degré et 1,5 million d’heures supplémentaires dans le second degré.
Parmi les associations d'élus locaux, l'APVF (association des petites ville de France) s'est félicitée des marges de manœuvre laissées aux acteurs locaux, notamment aux directeurs d’école et aux collectivités, dans le cadre du protocole sanitaire. Mais elle insiste pour que les maires soient « systématiquement informés et associés par les services de l’Etat, notamment lorsqu’un cas positif est détecté dans une école ».
Des adaptations locales
Lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre et le ministre de la Santé, le 27 août, Jean-Michel Blanquer a précisé que les mesures pourront être adaptées localement : « nous pouvons décider de localiser certaines mesures, en coordination avec les préfets, les services régionaux de la santé et les recteurs ». « La continuité pédagogique en présentiel ou à distance sera assurée dans toutes les situations pour tous les élèves », a-t-il affirmé. « Il pourra y avoir, en fonction de l'évolution de la situation, des adaptations », a ajouté le ministre, évoquant des mesures « ciblées » sur tel ou tel territoire. « S'il devait y avoir des mesures hybrides » (un enseignement à distance conjugué à un enseignement physique) ou « de confinement, nous nous tenons prêts », a poursuivi Jean-Michel Blanquer. Mais pour cette rentrée, "nous n'en sommes pas là", a-t-il assuré.
Concernant l’organisation des repas scolaire, il a affirmé vouloir éviter un « excès de normes », dans une interview au JDD du 30 août, en plaidant pour organiser des plages horaires différentes dans les réfectoires. Souplesse également pour l’éducation physique en affirmant qu’« aucune activité sportive n’est proscrite (…) dans le respect des règles sanitaires ».
Extension de l’accueil du périscolaire
« Evitons que papy et mamy aillent chercher leurs petits-enfants à l’école, quitte à augmenter le périscolaire jusqu’à ce que les parents puissent venir eux-mêmes les récupérer ». Cette petite phrase de Jean Castex, prononcée le 27 août lors de sa conférence de presse sur le Covid-19 a fait beaucoup de bruit d’autant qu’il n’a rien précisé de plus. Une telle mesure signifierait en effet pour les villes de recruter des animateurs supplémentaires. Avec le coût que cela représente et la difficulté de le faire en si peu de temps d’autant qu’il doit s’agir de personnels formés. « Le périscolaire qui est une responsabilité des collectivités ne peut pas s’organiser dans l’improvisation, a réagi Agnès Le Brun, maire de Morlaix et vice-présidente de l’AMF, au micro de BFM-TV. Il y a des difficultés de logistique, d’organisation, de locaux, de personnels et bien entendu de financements. Qui paye dans cette affaire ? Les collectivités sont déjà exsangues financièrement après la crise sanitaire ».
De même l'APVF a estimé que « le renforcement éventuel du périscolaire ne peut être décrété par l’Etat sans concertation avec les collectivités ». Et d'affirmer qu'« en cas de renforcement du périscolaire, l’Etat devra donc accompagner financièrement les collectivités locales ». De plus, concernant le dispositif « 2S2C » (« sport, santé, culture, civisme »), mis en place au moment de la reprise de l’école en juin et qui permettait à certains enfants d’être accueillis sur le temps scolaires par des agents des collectivités, l’APVF fait à nouveau part de ses réserves car « la pérennisation de ce dispositif pourrait renforcer les inégalités territoriales et sociales entre collectivités ».
Une prime Covid de 450 € pour les directeurs d’école
Par ailleurs, le ministre de l'Education nationale a annoncé qu'une indemnité exceptionnelle de 450 € sera versée aux directeurs d'école d'ici à la fin de l'année. Il a aussi promis « une revalorisation de la profession de professeur » en annonçant que 430 M€ seront consacrés à la revalorisation des salaires des enseignants pour « amorcer des perspectives d'amélioration pour nos personnels ». Dans une interview au JDD du 30 août, il a évoqué le lancement d'un « Grenelle des professeurs ». « D'ici à octobre, nous discuterons de la hausse des rémunérations pour 2021, explique-t-il. Et à partir de novembre, nous négocierons pour définir une loi de programmation pluriannuelle ». Il évoque une « transformation profonde du système éducatif ». Des groupes de travail vont être mis en place « avec les organisations syndicales, sur trois grands objectifs » : « la reconnaissance financière », « la coopération et « l’ouverture : nous devons moderniser notre système ».
Philippe Pottiée-Sperry