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Une réouverture des écoles a minima

Philippe Pottiée-Sperry
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« Je veux plutôt une bonne rentrée qu’une rentrée en nombre ». Lors de la visite d’une école à Poissy, le 5 mai, Emmanuel Macron a préféré rester prudent sur ce sujet très sensible.

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Face aux craintes exprimées par de nombreux maires, il dit comprendre « leurs questions. Il faut leur laisser le temps et la souplesse ». Quand le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, annonce deux jours plus tard qu’entre 87 et 90% des communes sont prêtes (80 à 85 % des écoles), il semble bien optimiste. Néanmoins, seulement 1,5 millions d'élèves d'écoles maternelles et élémentaires (sur un total de 6,7 millions) devraient retrouver le chemin des classes à partir du 12 mai, compte tenu du « libre choix » laissé aux familles jusque début juin. Par ailleurs, l'ensemble du personnel ne sera pas présent dans toutes les écoles.

Une grande souplesse localement

Sur la décision de rouvrir ou non les écoles, il a été laissé localement une grande souplesse pour tenir compte de « la capacité des collectivités d’assurer le strict respect des règles sanitaires ». Avec des groupes maximum de 15 élèves, cette rentrée priorise les « classes charnières » (grande section de maternelle, CP, CM2) et certains élèves (handicapés, décrocheurs, de parents assurant des "services essentiels" comme les soignants). La fermeture des écoles depuis deux mois est « une catastrophe pour les plus vulnérables », a insisté le Premier ministre, Edouard Philippe, devant les sénateurs le 4 mai.

A noter que les collèges ne réouvriront que le 18 mai, avec une priorité pour les classes de 6ème et de 5ème, et cela uniquement dans les départements classés en vert. Pour leur part, les lycées devront attendre fin mai pour savoir s'ils reprennent ou non début juin.

Protocole sanitaire très strict

En pratique, le sujet a beaucoup divisé compte tenu des risques. Et ce n’est surement pas le protocole sanitaire très strict, publié par l’Education nationale et comptant pas moins de 56 pages, qui a été là pour rassurer les élus tellement il apparaît complexe à mettre en œuvre. En Seine-Saint-Denis, plusieurs maires ont décidé de laisser fermées leurs crèches et écoles maternelles jusqu'en septembre.

Dans le Bas-Rhin, le président du département, Frédéric Bierry, n’a pas hésité à « inviter » les parents d’élèves « à ne pas scolariser leurs enfants avant le 25 mai » s’ils le peuvent « pour éviter de nouvelles chaînes de contamination ».

Levée de boucliers en Ile-de-France

Dans une lettre ouverte au président de la République, plus de 400 maires d’Ile-de-France ont dénoncé une réouverture « à marche forcée ». Stéphane Beaudet, président de l’AMIF (Association des maires d’Ile-de-France), à l’initiative de cette tribune, pointe aussi un dispositif « très coûteux », humainement et financièrement, dans les circonstances actuelles. Sans oublier la difficulté d’assurer l'accueil périscolaire dans le strict respect du protocole sanitaire, « qui induit un coût et une mobilisation de personnel supplémentaires ».

Choix de « retrouver de la confiance »

Ces inquiétudes n’empêchent pas d’autres élus d’approuver la réouverture des écoles en dépit des conditions sanitaires, comme Karl Olive, le maire de Poissy (Yvelines). Plaidant pour une démarche « en paliers », il justifie son choix pour « retrouver de la confiance ». Ce n’est pas pour rien que le chef de l’Etat avait choisi de se déplacer dans cette ville le 5 mai dernier.

Ailleurs, même dans les départements classés en vert, la rentrée s’effectuera de façon très progressive. Par exemple, à Toulouse, seul un tiers des écoles doivent réouvrir (68 sur 206) le 12 mai. La capacité d'accueil a été fixée par la ville à 45 enfants par école et 90 par groupe scolaire. Avec des repas froids pris à la cantine ou dans les salles de classe.

Philippe Pottiée-Sperry

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