
À Lyon, la transition écologique s’apprend et se vit au travail

À Lyon, la transition écologique ne se résume pas à des objectifs chiffrés. Elle se vit aussi au quotidien, dans les services municipaux. Avec le programme Inventons « nos vies bas carbone », la Ville forme ses agents pour qu’ils comprennent concrètement les enjeux climatiques et s’engagent, chacun à leur échelle, dans la réduction de leurs émissions. Isabelle Niesseron, chargée de mission « Culture de la transition écologique et résilience » à la Ville de Lyon (69), raconte comment cette démarche collective transforme peu à peu les pratiques et les mentalités.
Comment est né ce programme de formation à la transition écologique ?
Nous sommes partis d’un constat simple : pour que la transition écologique devienne réelle, il faut d’abord qu’elle soit comprise. L’outil " Inventons nos vies bas carbone ", développé dans le cadre d’un marché public, permet justement de rendre ces notions accessibles. L’idée était que tous les agents de la Ville, quel que soit leur métier, puissent se saisir de ces enjeux et en faire quelque chose de concret dans leur quotidien professionnel et personnel. C’est une formation qui donne un socle commun de connaissances, avant de passer à des ateliers pratiques. Aujourd’hui, près de 20 % des 6 500 agents lyonnais ont déjà été formés, et l’objectif est d’en former au moins la moitié d’ici la fin du mandat. Montant du marché passé avec Inventons Nos Vies Bas Carbone : 120 000 €HT.
Concrètement, en quoi consiste cette formation ?
Elle se déroule en trois grandes étapes. D’abord, un temps d’acculturation : on parle climat, biodiversité, ressources naturelles, mais aussi conditions sociales, consommation, alimentation… On explique, chiffres à l’appui, où en est la France et comment nos choix de vie ou de travail pèsent sur le bilan carbone collectif. Ensuite, un atelier pratique : les agents mesurent leur propre impact carbone – transport, logement, alimentation – pour comprendre concrètement ce que représentent leurs émissions en CO₂. C’est souvent une révélation ! Enfin, un temps d’engagement collectif : chaque groupe définit des actions simples et réalistes à mener dans son service ou à titre individuel, sur une période de deux à trois ans. L’objectif, c’est d’avancer ensemble vers le cap fixé par la Ville : deux tonnes de CO₂ par habitant d’ici 2030.
Comment les agents réagissent-ils à ce type de démarche ?
Très positivement, et c’est ce qui est le plus encourageant ! Bien sûr, certains étaient déjà très sensibles à ces sujets, parfois engagés personnellement. Mais d’autres ont découvert à travers la formation des leviers d’action qu’ils n’imaginaient pas. On sent une vraie curiosité, une envie de comprendre et d’agir. Les discussions sont souvent très riches : on parle autant du covoiturage que de l’alimentation, du tri des déchets ou du chauffage des bâtiments publics. Et puis il y a un effet collectif : quand un agent s’engage, il entraîne souvent ses collègues. On passe ainsi d’une sensibilisation individuelle à une dynamique de service, voire de territoire.
Et pour vous, quel est l’impact le plus fort de cette initiative ?
Ce que je trouve remarquable, c’est cette appropriation humaine et concrète des enjeux climatiques. On ne parle pas de chiffres abstraits, mais de gestes, d’habitudes, de choix de vie. L’approche est à hauteur d’homme. Nous avons aussi formé un réseau d’animateurs dans les services, capables à leur tour de relayer ces formations ou de mener des actions locales. Cela crée une chaîne de sensibilisation continue. Et puis, il y a ce moment magique où un agent dit : « J’ai compris ce que je pouvais changer, sans que ce soit une contrainte. » Là, on sait que le message est passé.
Et maintenant, quelle suite pour “Inventons nos vies bas carbone” à Lyon ?
Nous sommes en train de consolider cette démarche : de nouvelles sessions sont en préparation et d’autres services se manifestent pour y participer. L’enjeu, c’est de tenir la cadence tout en maintenant la qualité du dialogue, car il ne s’agit pas de cocher une case, mais d’accompagner un vrai changement culturel. À terme, nous aimerions que cette expérience inspire d’autres collectivités. La transition écologique, c’est un effort collectif. Et c’est aussi, très sincèrement, une aventure humaine.