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Moral en baisse pour les agents publics

Philippe Pottiée-Sperry
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Moral en baisse pour les agents publics

Selon un sondage BVA réalisé pour la CASDEN Banque Populaire, le moral des agents de la fonction publique continue de se dégrader. En outre, plus de deux tiers estiment être mal payés et 48% souhaitent suivre une formation.

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A l'occasion de la journée internationale de la fonction publique, organisée le 23 juin, la CASDEN Banque Populaire a réalisé son étude annuelle avec l'Institut BVA. Premier enseignement : le moral des fonctionnaires continue de se dégrader, notamment face à des conditions de travail difficiles, un manque de reconnaissance et des préoccupations salariales. Le sondage chiffre cette baisse de moral avec une note moyenne de 6,1 sur 10 (6 dans la FPT) contre 6,3 en 2022. Bien que 51% des agents affirment avoir toujours un « bon moral » avec des notes supérieures ou égales à 7, près de 20% (+ 2 points par rapport à 2022) décrivent ce moral avec des notes seulement comprises entre 0 et 4. 
La réforme des retraites n’améliore pas leur ressenti car 50 % d’entre eux pensent que sa mise en œuvre aura un impact négatif sur la fonction publique. 

Un manque de reconnaissance 
L’étude montre aussi les attentes des agents, notamment en matière de moyens humains et financiers. Dans le détail, ils font état de difficultés dans leur quotidien : le manque de moyens (67%, -2 points par rapport à 2022), le matériel inadapté (66%, stable), les difficultés financières (59%, -2 points) et l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle (51%, -1 point). A noter que si 59% déclarent avoir des difficultés à boucler leur fin de mois, la proportion atteint jusqu'à 68% dans la FPT s’expliquant probablement par la quantité importante d’agents de catégorie C. 
De plus, 27% des agents ne s’estiment pas suffisamment reconnus par la société (+2 points). La même proportion ne se sent pas valorisée. Pour la première fois depuis 2020, le sentiment d'utilité régresse légèrement, avec 85% des répondants se sentant utiles (88% en 2022). Les agents considèrent également que leurs missions ne sont pas assez comprises par les usagers (72%, - 1 point) et valorisées auprès d'eux (82%, -2 points). 

68% s’estiment mal payés 
Malgré une légère hausse du niveau d'optimisme global des agents publics (34%, +3 points), les deux tiers d'entre eux ont toujours une vision négative de l'avenir (66%, -3 points). La rémunération est la principale raison pour laquelle une bonne part ne recommanderait pas à leur enfant de travailler dans la fonction publique (42%, +2 points), suivie du manque de reconnaissance (41%, -1 point), de l'avenir compromis de la fonction publique (29%, -7 points) et des conditions de travail (21%, -2 points). 
Plus de deux tiers estiment être mal payés (68%, -3 points). Le chiffre atteint 75% pour les agents de catégorie C. La mise en place d’une rémunération au mérite pourrait constituer une solution, 60% des agents s’y disant favorables (52% des hommes et 64% des femmes). Les agents de la FPT en sont les plus partisans (68%) à l’inverse des enseignants (41%).

Attentes sur la formation et l'évolution de carrière 
Ils expriment également des attentes fortes en matière de formation et d'évolution de carrière. Près de la moitié des agents (48%) veulent bénéficier d'une formation pour développer de nouvelles compétences, et 42% souhaitent obtenir des opportunités de promotion. Cependant, ils estiment que les perspectives d'évolution au sein de la fonction publique sont limitées (52%) et que les critères de promotion ne sont pas toujours transparents (43%). 
Près d'un quart des agents déclare télétravailler (23%, +2 points par rapport à 2022). Ce mode de travail hybride, qui satisfait la plupart des agents pouvant le pratiquer, confirme que ces nouvelles habitudes de travail sont désormais bien intégrées dans leur quotidien. 93% des agents affirment ainsi que le télétravail leur permet de continuer à exercer normalement leur activité, que cela se passe bien au niveau technique comme organisationnel (91%) et que cela leur permet de concilier vie professionnelle et personnelle (89%). 

Plusieurs leviers d'amélioration
Par ailleurs, l'étude met en évidence plusieurs leviers d'amélioration susceptibles de renforcer le moral et la satisfaction des agents. Parmi les principales attentes, on retrouve une meilleure reconnaissance de leur travail par la société (43%), une amélioration des conditions de travail (40%) et une revalorisation salariale (39%). Les agents publics souhaitent aussi une meilleure prise en compte de leur expertise et de leur expérience dans la conception des politiques publiques (37%), ainsi qu'une plus grande transparence dans les critères de promotion et d'évolution de carrière (33%). 
Enfin, malgré un fort sentiment d'utilité, les agents font face à des difficultés persistantes et expriment un besoin accru de reconnaissance et d'amélioration de leurs conditions de travail. L’enquête plaide ainsi pour « investir dans la formation, favoriser les perspectives d'évolution de carrière et prendre en compte les attentes des fonctionnaires afin de renforcer leur engagement et leur contribution au service public ». 

(1) Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1004 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif des fonctionnaires français, du 27 avril au 06 mai 2023. 

Philippe Pottiée-Sperry
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