Secrétaires de mairie : les chevilles ouvrières sous tension

 L’étude nationale réalisée en 2024 par l’Association nationale des directeurs de centres de gestion (ANDCDG) dresse un constat sans appel : ce poste stratégique dans les communes, souvent rurales, est à la croisée des chemins. À la fois couteau suisse administratif, mémoire vivante de la commune et soutien quotidien du maire, le secrétaire de mairie incarne une fonction pivot… mais en souffrance.

Un métier essentiel, mais trop souvent invisible

Présents dans plus de 80 % des communes de moins de 3 500 habitants, les secrétaires de mairie assument un rôle central dans la continuité des services publics de proximité. Pourtant, leur fonction reste peu valorisée. L’étude de l’ANDCDG révèle un sentiment fréquent d’isolement professionnel, aggravé par la solitude des petites structures, les évolutions réglementaires constantes et une charge de travail de plus en plus complexe.
La majorité des répondants à l’enquête pointent un déficit de reconnaissance, tant de la part des élus que de l’administration centrale. Et pour cause : dans beaucoup de communes rurales, ils sont seuls à bord, sans adjoint, sans relais RH, sans soutien juridique. Ce sont pourtant eux qui assurent la gestion du conseil municipal, les budgets, les ressources humaines, l’accueil du public, et bien souvent… la logistique générale.

Attirer, former, fidéliser : un enjeu pour l’avenir des territoires

Face à ces constats, l’étude de l’ANDCDG appelle à une action rapide. L’un des enjeux majeurs reste l’attractivité du métier : difficultés de recrutement, départs en retraite non anticipés, absence de vivier local. Plusieurs pistes sont évoquées : valorisation statutaire, formation initiale et continue renforcée, création de réseaux d’appui à l’échelle intercommunale.
Certaines collectivités ont déjà engagé des solutions : tutorat entre pairs, référents départementaux, plateformes de mutualisation des ressources. Mais pour que ces bonnes pratiques essaiment, un cadre national structurant semble nécessaire. Le secrétaire de mairie ne peut plus être considéré comme une simple variable d’ajustement. Il est, au contraire, un pilier discret mais décisif du bon fonctionnement des petites communes.