Télétravail, un levier pour améliorer les conditions de travail

Philippe Pottiée-Sperry
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Télétravail, un levier pour améliorer les conditions de travail

Face à une quasi généralisation du télétravail, après la période d’accélération qu’a constitué la crise sanitaire, une étude de l’ADRHGCT et l’Inet décrit ses atouts mais aussi ses risques. Et formule plusieurs recommandations.

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La crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur pour la généralisation du télétravail, jusqu’alors peu répandu dans les collectivités. Il bénéficie aujourd’hui d’un portage politique important. Dans une étude commune (1), publiée récemment par l’Association des DRH des grandes collectivités (ADRHGCT) et l’Inet (Institut national des études territoriales), 83% des répondants déclarent avoir mis en place le télétravail depuis la crise sanitaire, contre 54% auparavant (souvent sous forme d’expérimentation). 

Un nouveau cadre de travail pour les agents
Les sept élèves de l’Inet ont sondé 37 collectivités, réalisé 14 entretiens auprès de collectivités, d’organisations syndicales, de la médecine du travail et d’entreprises privées et échangé avec plusieurs chercheurs. Parmi leurs constats : la diffusion de nouvelles pratiques, comme le télétravail constitue une opportunité pour repenser, dans toutes les organisations, le sens au travail en favorisant l’autonomie des agents et en redéfinissant la notion de « collectif de travail ». 
Les nouveaux modes d’organisation du travail imposent aussi une redéfinition des espaces avec un triple impératif économique, social et environnemental. Ces évolutions doivent aussi s’accompagner nécessairement d’un nouveau cadre de travail pour les agents, avec notamment le droit à la déconnexion. 

Impact positif sur le collectif 
Selon l’étude, 77% des DRH jugent plutôt positif l’impact du télétravail sur le collectif. Ses atouts : une meilleure conciliation vie professionnelle et vie personnelle, une réduction des temps de transport, une organisation du travail basée sur la confiance. Avant la crise sanitaire, 50 à 75% des agents étaient sur des fonctions non télétravaillables mais ils ne sont plus que 47% aujourd’hui. Cela montre donc une notion évolutive et le changement des mentalités suite à une période de télétravail forcé durant la crise sanitaire, constate l’étude. Cela n’empêche qu’il reste une part importante d’agents ne pouvant pas télétravailler, notamment les métiers d’accueil du public, que l’on retrouve plus dans les communes. 

Facteurs clefs de réussite
L’étude met en évidence plusieurs facteurs clefs de réussite pour faire du télétravail un levier d’amélioration des conditions de travail. Il s’agit tout d’abord de l’implication de l’ensemble des agents et des managers dans la définition des nouvelles règles. A cela s’ajoute la montée en compétence, par une offre de formation adaptée, à destination de tous, au management à distance, mais aussi une réflexion nécessaire sur les missions et l’organisation des services.
Par ailleurs, l’étude souligne l’accompagnement nécessaire au nouveau rapport au numérique : le développement des usages doit être contrôlé et accompagné à la fois pour son impact sur le bilan carbone des collectivités, et pour les risques de cybersécurité que cela engendre.

Risques sur les agents bien identifiés
Autre constat : les nouvelles organisations du travail peuvent créer de l’isolement, de la perte de lien social, de distanciation dans le rapport au travail ou de la difficulté de déconnexion. A cela s’ajoute l’impact de lieux et modes de travail plus sédentaires et concentrés sur la santé des agents avec la hausse des troubles musculosquelettiques, de la fatigue visuelle ou des problèmes cardiovasculaires. Ces différents risques semblent bien identifiés par les collectivités : 84% ont mis en place des mesures d’accompagnement (chartes ou kits « Qualité de vie au travail », guide du manager…) et 70% ont instauré un droit à la déconnexion.

Un manager « animateur du collectif »
Dans ses recommandations, l’ADRHGCT insiste pour bien penser en amont le télétravail comme un outil d’égalité. Le rôle du manager évolue « du contrôleur vers celui d’organisateur et d’animateur du collectif ». Selon l’étude, le management à distance requiert de solides aptitudes managériales et les managers doivent désormais prendre en compte des modes d’organisation individuelles, entre le tout présentiel et le mixte, et les intégrer dans un collectif de travail cohérent. 

(1) Questionnaire quantitatif (37 collectivités répondantes parmi les adhérents de l’ADRHGCT, dont huit de moins de 1000 agents et 29 de plus de 1000 agents) et 14 entretiens qualitatifs réalisés par sept élèves de l'Inet.
 

Philippe Pottiée-Sperry
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