
La courbe du RSA en hausse, les comptes des départements dans le rouge

En 2025, la progression des prestations sociales ravive un casse-tête financier ancien pour les départements. Depuis la décentralisation de 2004, ils assument le financement du RSA (revenu de solidarité active), de la PCH (prestation de compensation du handicap) et de l’ADA (allocation pour demandeur d'asile). Or la compensation « à l’euro près » promise n’a jamais été totalement au rendez-vous. Avec le retour à la hausse du RSA et de la prime d’activité, l’équation vire drame pour les territoires les plus fragiles.
Fin juin, 1,85 million de foyers perçoivent le RSA : après deux ans de baisse (-1,6 % en 2023, -1,4 % en 2024), la courbe se redresse à +1,1 % sur un an. Même inflexion pour la prime d’activité, à 4,69 millions de foyers (+2,3 % en 2025 après -3 % un an plus tôt). Dans le même temps, l’AAH atteint 1,37 million de bénéficiaires (+2,7 %) et bascule : les allocataires AAH2 (incapacité 50-79 %) sont désormais plus nombreux (731 300) que les AAH1 (638 900). Les premiers progressent de 5,7 % quand les seconds reculent légèrement (-0,5 %).
Côté « autres aides », les contrastes s’accentuent : les aides au logement poursuivent leur repli à 5,53 millions de foyers (-0,4 %), l’ASS remonte nettement à 277 700 bénéficiaires (+11,7 %) et le Contrat d’engagement jeune s’essouffle à 157 700 (-15,9 %).
Pour les conseils départementaux, l’addition est double : des volumes de prestations qui repartent à la hausse et des marges de manœuvre rognées par l’inflation des charges sociales et la faiblesse de la compensation étatique. Résultat : un effet ciseaux qui menace l’investissement social et les politiques d’insertion. Plusieurs exécutifs alertent : sans recalibrage durable des concours de l’État, la soutenabilité du « socle social » départemental sera de plus en plus difficile à tenir.