Protection sociale des agents : où en sont vraiment les employeurs publics ?
À l’approche des nouvelles obligations réglementaires, une enquête WTW menée auprès de plus de 120 employeurs publics révèle un paysage très contrasté entre prévoyance et santé. Si les collectivités ont massivement avancé sur la prévoyance, le chantier de la complémentaire santé reste largement ouvert et suscite encore hésitations et arbitrages.
La réforme de la protection sociale des agents publics impose un calendrier précis, mais toutes les collectivités n’avancent pas au même rythme. Selon l’enquête WTW, 55 % des employeurs publics ont déjà mis en place une convention de participation en prévoyance, un niveau plutôt satisfaisant à ce stade.
Autre enseignement fort : 80 % d’entre eux ont choisi de passer par leur Centre de gestion (CDG), confirmant le rôle central joué par ces structures dans la sécurisation et la mutualisation des démarches.
Cette dynamique traduit une meilleure maturité historique du volet prévoyance, souvent plus structuré dans les collectivités. Pourtant, la réforme demande toujours des arbitrages budgétaires, des montées en compétence RH et une capacité à projeter les impacts sur la gestion des agents. Comme le souligne Noémie Marciano, Directrice de l’activité assurance de personnes chez WTW : « Ces résultats témoignent des efforts engagés […] tout en révélant un potentiel important de progression vers une couverture plus homogène des agents publics. »
Santé : un chantier encore hésitant et sous-décidé
Là où la prévoyance avance, la santé patine. À date, seuls 25 % des employeurs publics ont mis en place une convention de participation en santé. Une proportion très faible, qui s’explique par la complexité du dispositif : choix du montage, impact financier, articulation avec les contrats existants, gestion sociale et politique du sujet… Parmi ceux qui n’ont pas encore acté leur choix, 60 % n’ont pas décidé du mode de mise en œuvre. Autrement dit, une majorité reste aujourd’hui en réflexion, faute d’arbitrages tranchés ou de visibilité budgétaire.
Ce décalage entre prévoyance et santé n’est pas anodin. Il illustre une réforme qui demande non seulement une adaptation opérationnelle mais aussi une vision RH plus large : attractivité des postes, équité de traitement, accompagnement des agents dans la durée.
Une réforme structurante et un besoin d’accompagnement
Derrière ces chiffres se dessine une même réalité : la réforme de la protection sociale complémentaire est un chantier structurant pour les employeurs publics, quel que soit leur taille ou leur niveau de maturité. Les collectivités doivent concilier trois impératifs : la conformité réglementaire, la maîtrise financière et la meilleure protection des agents.
Pour WTW, l’enjeu des prochains mois sera d’accompagner les employeurs dans leurs décisions et la mise en œuvre des contrats, dans un contexte d’attentes fortes et d’échéances rapprochées.