David Lisnard plaide pour « sortir du social-étatisme »

Philippe Pottiée-Sperry
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David Lisnard plaide pour « sortir du social-étatisme »

Inflation, explosion des coûts de l’énergie, cantines scolaires, aide sociale, fiscalité et finances locales, communautarisme… Dans une interview à France Info, le président de l’AMF a fait entendre sa différence. 

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Charges énergétiques : entre + 30% et + 400%
Invité de la matinale de France Info le 8 juin dernier, David Lisnard, maire (LR) de Cannes et président de l’AMF, a affirmé que la hausse des prix est également « très difficiles » pour les communes. Et de citer « des évolutions de charges énergétiques entre + 30% et + 400% », selon une étude réalisée par l’AMF et la FNCCR. 
Quelle réponse peuvent apporter les villes dans ce contexte difficile ? « Elles font toujours face, quelles que soient les circonstances. Mais c’est très difficile, reconnaît-il. Pour la première fois, des services ferment pour des raisons d'envolées de factures. Par exemple quatre ou cinq piscines sont fermées. Je n’avais jamais vu ça ! ». 

Demande d’« équité »
Le président de l’AMF craint plus encore la période de l’hiver prochain avec, dans les collectivités, des difficultés importantes « financières et de services ». Il demande de « l’équité » car le bouclier tarifaire actuel mis en place par le gouvernement ne bénéficie pas aux collectivités avec pour conséquence de transférer localement aux collectivités « les décisions impopulaires, ce qui n’est pas normal ! ». Selon lui, l’équité doit aussi de traduire pour les collectivités les plus en difficulté qui ne peuvent pas faire face grâce à « la solidarité nationale ». 
Le président de l’AMF s’inquiète des difficultés actuelles des collectivités à emprunter à taux fixe avec le risque « d’une baisse de l’investissement public » sachant qu’il est porté par elles à 70%. « Le phénomène de l’augmentation des taux va se traduire par une baisse de l’investissement public et va donc alimenter une future crise économique », s’alarme-t-il. Selon lui, il faut donc que les collectivités aient plus de marges de manœuvre financières. 

Hausse des impôts locaux
Interrogé sur la hausse des impôts locaux qui pourrait s’en suivre, David Lisnard juge que « c’est devenu un levier beaucoup trop faible par rapport aux contraintes de l’époque » sachant qu’« il reste juste une part de taxe d’habitation, marginale dans nos budgets, et le foncier ». Néanmoins, il admet que cela reste « un des paramètres » envisagés et qu’« il aura certainement des hausses d'impôts dans certaines collectivités qui ne pourront pas faire autrement ». Au-delà de l’envolée des prix de l’énergie, le maire de Cannes s’inquiète aussi « de tous les marchés publics qui s'envolent, de l'alimentation et donc des cantines scolaires, et de la masse salariale ». 

Tarifs des cantines scolaires
Quand les produits alimentaires augmentent, « on fait payer soit les usagers soit les contribuables, indique-t-il. La solution sera probablement un mixte ». Et de citer dans sa ville le prix du repas à la cantine scolaire facturé à 3,1 € alors qu’il coûte le double, avec une prise en charge au nom de « la solidarité communale ». 
« Mais des principes de réalité vont devoir s’appliquer », prévient-il, tout en assurant qu’il n’y aura pas pour autant de remise en cause des aides aux familles les plus défavorisées. Et d’affirmer que « notre finalité, c'est la dignité humaine et c'est justement grâce aux politiques locales qu'on arrive à faire du cousu-main social et en l'occurrence, je ne vois pas une collectivité responsable et une mairie responsable remettre en cause le soutien aux familles défavorisées ».

S’appuyer davantage sur les CCAS 
Concernant le dispositif du chèque alimentation, David Lisnard dénonce, à quelques jours des législatives, « du clientélisme électoral ». « Le quoiqu’il en coûte est devenu est une martingale pour distribuer de l’argent que l’Etat n’a pas », fustige le maire de Cannes. 
Il préfère s’appuyer sur des « dispositifs particuliers qui collent à la réalité du terrain ». Pour cela, selon lui, l’Etat aurait intérêt à s’appuyer sur les CCAS et les départements qui jouent « un rôle fondamental ». 

« Envolée des dépenses publiques »
« L'inflation nous touche tous, affirme le président de l’AMF. À la fin, il y a toujours quelqu’un qui paye. On est habitués depuis quelques années à être dans l’assistanat budgétaire avec l’envolée des dépenses publiques ». Sévère, il plaide pour « sortir de ce social-étatisme qui plombe le pays depuis quarante ans ». 

Refus du communautarisme
Enfin, tout autre chose, sur le sujet de l’arrêté « burkini » dans les piscines de Grenoble, pris par la ville (et suspendu par le tribunal administratif), il juge « scandaleux le fait d’autoriser dans un règlement une tenue différenciée des personnes pour une confession en particulier ». Refusant « tout communautarisme » David Lisnard estime que, « selon la jurisprudence, il faudrait un cadre national pour sécuriser les décisions municipales ». Et d’ajouter : « cela ne signifie pas forcément une loi, cela dépendra de la décision du Conseil d’Etat ». 
Evoquant un repli identitaire, le président de l’AMF alerte sur « une société fragmentée avec des maires qui recousent tous les jours le tissu social. Face à cela, il y a besoin de retrouver un bien commun et de sortir de toutes ces régressions contraires à la République ». 

Philippe Pottiée-Sperry
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