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Les élus locaux plaident pour une IA « choisie » et « non subie »
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Tout semble s’accélèrer : la nouvelle start-up française d’IA baptisée H, lancée mi-mai a déjà levé plus de 200 millions d’euros auprès de gros investisseurs dont Bernard Arnault, Xavier Niel ou Amazon. Au même moment, Emmanuel Macron ne cache pas ses projets dans l’interview qu’il a accordée à l’Express, pour faire de la France « la première place européenne dans ce secteur » alors que Gabriel Attal enfonce le clou en annonçant « vouloir réhumaniser le service public grâce à l’intelligence artificielle ». Bref, l'IA pourrait bien être le nouvel outil incontournable de l'action publique. Et plus rapidement que l’on croit.
« Tant qu’il s’agit d'attribuer des aides sociales, de mieux cibler les fraudeurs, ou de simplifier les procédures, la pertinence des systèmes d'IA (SIA) est louable. Mais une généralisation – même progressive – de l’IA générative dans les services publics, est fortement prématurée » ripostent les élus locaux, Intercommunalités de France, France Urbaine et les Interconnectés dans un communiqué commun. Une prudence que partageait d’ailleurs le 4 avril dernier le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Stanislas Guerini qui préconisait lors du Forum des Interconnectés « la nécessité de tirer les enseignements des premières expérimentations de l’IA lancées seulement en janvier 2024 auprès des agents de l’État et des collectivités territoriales ».
Car pour les élus, « avant d’engager toute généralisation, il est nécessaire de croiser ces expérimentations afin d’anticiper les conséquences économiques, sociales et environnementales de l’usage d’une IA générative et conversationnelle dans les services publics, en partie gérés par les communes et intercommunalités ».
Des assises pour tirer les enseignements des expérimentations menées
Pour les élus locaux, l’intelligence artificielle ne doit pas être qu’une question technologique mais surtout une question politique. C’est pourquoi « les enseignements de ces expérimentations seront indispensables pour développer une méthode rigoureuse d’évaluation en amont pour réguler son déploiement, étudier les répercussions sur les usagers et les agents, et coconstruire ainsi une IA choisie et non subie à l’heure où la politique de la dématérialisation des services publics et de la réduction des guichets physiques entraînent déjà des conséquences sociales fortes sur les usagers les plus fragiles ».
Ils considèrent indispensable la définition d’un cadre éthique et juridique, mais aussi démocratique, dans tous les domaines concernés : économie, social, santé, éducation, sécurité...
Les associations d’élus souhaitent une démarche concertée avec l’État pour développer une IA de confiance via l’ouverture d’assises territoriales pour l’IA, au service des usagers et des agents du service public.
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