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Faire plus et mieux contre les violences sexuelles et sexistes

Philippe Pottiée-Sperry
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Faire plus et mieux contre les violences sexuelles et sexistes

Une contribution du think tank Sens du service public appelle à des réponses structurelles pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes. Parmi ses priorités : l’exemplarité des administrations et des agents, l’égalité réelle dans l’accès aux droits des femmes sur tout le territoire.

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90% des femmes interrogées déclarent anticiper les actes et propos sexistes et adopter des conduites d’évitement. De plus, le dernier rapport du Haut Conseil pour l’égalité entre les femmes et les hommes, remis fin janvier, s’alarme de l’état du sexisme en France aujourd’hui. Dans ce contexte, le think tank Sens du service public plaide pour engager, à travers les services publics, « une grande mobilisation collective autour de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) ». 
Selon le think, tank, les services publics sont « en première ligne pour prévenir, protéger, punir, guérir et accompagner ». Mais de regretter qu’aujourd’hui « les démarches volontaristes reposent encore trop souvent sur l’impulsion, les convictions, les priorités de certains décideurs ou agents ». 

Des réponses insuffisantes
Malgré des avancées, il constate ainsi des réponses qui ne sont pas à la hauteur des besoins : « La police comme la justice sont débordées. Les places d’hébergement sont en nombre insuffisant. Les associations n’ont pas assez de moyens et d’appui. Le temps et les espaces manquent pour favoriser la coordination entre acteurs ». Le Sens du service public prône des agents publics en nombre suffisant, formés, soutenus, qui travaillent en réseau pour apporter des réponses structurelles à un problème de fond.
Sa contribution formule une série de propositions qui s’appuient sur trois priorités : l’exemplarité des administrations, services et agents publics, l’égalité réelle dans l’accès aux droits sur l’ensemble du territoire et la diffusion plus massive d’une culture de l’égalité au travers des politiques publiques. Au-delà de sa demande de plus de moyens pour protéger et sanctionner, le think tank plaide également pour « changer la société et en finir avec la domination et la violence de genre ».

Un devoir d’exemplarité
Il appelle à garantir l’exemplarité des services publics dans la prévention et le traitement des VSS à l’égard des agents comme des usagers. Ce devoir d’exemplarité doit garantir la protection et le changement des comportements afin de « sensibiliser, former, ouvrir la porte pour partager un vécu et être orienté vers les bons interlocuteurs »
« Des mesures tenant compte des freins spécifiques à l’égalité et à la lutte contre les violences doivent désormais être prises », ajoute-t-il en proposant de mieux intégrer dans les politiques publiques les spécificités de certains publics et de certains territoires, en rappelant notamment que 50 % des féminicides ont lieu en milieu rural.

Formations et évaluations
Autre recommandation : la formation aux inégalités de genre et aux violences sexistes et sexuelles de tous les agent, élus, représentants du personnel et professionnels de santé. Il défend aussi une formation complémentaire pratique à dispenser à certains acteurs en contact direct avec la population. Objectif : développer les capacités à déceler les problèmes, faire émerger, recueillir et traiter les paroles et les signaux d’alerte afin de ne pas attendre le dépôt de plainte pour commencer à agir.
Le think tank considère que la lutte contre le sexisme et la promotion de l’égalité entre les genres devraient être intégrées dans l’évaluation de tous les responsables publics, en s’appuyant sur des indicateurs pertinents. Au-delà, il plaide pour agir en profondeur « en déconstruisant les biais de genre conscients et inconscients des décideurs et agents publics, en prenant mieux en compte le vécu des femmes et des jeunes filles ».

« Des lieux refuge et accueillants »
Par ailleurs, Le Sens du service public recommande de traiter l’égalité de genre et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu scolaire, durant les études et en particulier pour les formations qui destinent au contact avec du public. « Contrairement à une idée reçue, les nouvelles générations ne sont pas immunisées comme l’a mis en lumière le baromètre du sexisme dévoilé par le Haut Conseil à l’égalité », souligne-t-il. 
La mobilisation générale souhaitée devrait aussi se traduire par la transformation des bâtiments publics en « lieux refuge et accueillants pour les femmes victimes de violences ». Les aménagements dédiés déjà mis en place auraient vocation à « devenir systématiques ». La démarche viserait aussi à faire de tous les services publics « des mieux sécurisants » pour l’ensemble de la population.

Philippe Pottiée-Sperry
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