
Financer les mobilités : la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) plaide pour un modèle contractuel et sécurisé

En amont de la conférence de financement des mobilités à Marseille, le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), Alain Grizaud, alerte sur l’état des infrastructures et appelle à sortir de la logique budgétaire annuelle. Il s’oppose fermement à l’idée de gratuité et défend la création d’un modèle économique pérenne, fondé sur des recettes affectées et contractualisées.
Prévue par la loi Zulesi sur les systèmes express régionaux métropolitains (SERM), la conférence de financement des mobilités vise à dégager des solutions pour mobiliser chaque année 3,5 milliards d’euros en faveur du rail et de la route. Pour Alain Grizaud, ce rendez-vous ne doit pas se limiter à une succession de discours : « Elle doit permettre de fixer une trajectoire, d’écrire une feuille de route avec des éléments concrets », martèle-t-il.
L’enjeu est de taille : selon le président de la FNTP, le pays souffre d’un « sous-investissement chronique » dans ses infrastructures. Routes dégradées, réseau ferré vieillissant… les besoins sont immenses et l’actuelle dépendance aux arbitrages budgétaires annuels ne permet plus de planifier efficacement.
Sécuriser les ressources pour sortir de l’improvisation
Alain Grizaud défend un modèle de financement reposant sur des ressources affectées, pérennes et sécurisées par contrat. L’objectif : échapper à la volatilité des lois de finances annuelles et garantir une visibilité à long terme, notamment pour les investissements liés à la transition écologique et à la résilience des territoires.
Le président de la FNTP alerte aussi sur la tentation de certains discours politiques autour de la gratuité des transports, qu’il juge « démagogique » et « dangereuse ». « Rien n’est gratuit. Cette idée affaiblit la capacité à structurer un financement solide et durable. »
Route, rail et résilience : penser global, agir local
Pour Alain Grizaud, il est crucial de ne pas opposer les modes de transport mais d’intégrer toutes les infrastructures – autoroutes, routes départementales, lignes capillaires – dans une vision d’ensemble. Il insiste aussi sur l’importance de la territorialisation : « Chaque territoire doit pouvoir bénéficier de financements adaptés à ses réalités. Il faut un mécanisme de ruissellement. » La FNTP plaide également pour que les externalités négatives (pollution, congestion, émissions) servent à financer l’adaptation des infrastructures au changement climatique. Inondations, canicules, submersions marines : les territoires doivent pouvoir se prémunir via des investissements ciblés. « C’est une condition de la résilience, mais aussi de la croissance », affirme Grizaud.
Un appel à l’engagement politique
Alors que les élections présidentielles de 2027 se profilent, Alain Grizaud appelle les pouvoirs publics à dépasser les cycles électoraux et à inscrire l’investissement dans une stratégie d’aménagement du territoire de long terme. « On ne peut pas gérer les infrastructures avec une logique de budget annuel. Il faut une programmation pluriannuelle qui soit sanctuarisée. » Enfin, il insiste sur la nécessité d’un consensus : entre l’État, les collectivités, les opérateurs publics et privés. « La conférence n’est qu’un début. Il faudra ensuite transformer cette dynamique en contrats solides, avec une gouvernance claire et des ressources stables. »
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