Fonds de renaturation : les villes en manque d’information

Philippe Pottiée-Sperry
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Fonds de renaturation : les villes en manque d’information

64 % des villes sont intéressées par le fonds de renaturation (500 M€) mais la même proportion manque d’informations sur sa mise en œuvre, selon une enquête de l’Observatoire des villes vertes.

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Le Fonds vert, lancé par le gouvernement en début d’année, connaît un vrai succès auprès des collectivités. Il est doté de 2 Md€ dont 500 M€ dédiés à la renaturation des villes à travers un fonds lancé dès juin 2022. Problème : 64 % des villes manquent d’informations sur ce fonds renaturation malgré un intérêt marqué. 

Gestion opaque des crédits
Ce chiffre provient d’une enquête de l’Observatoire des villes vertes réalisée auprès de son panel (cinq villes interrogées du 17 novembre au 16 décembre 2022). Soutien financier bienvenu pour lutter contre les effets du changement climatique, le fonds de renaturation suscite l’intérêt de 64 % des villes. 28 % comptaient candidater au programme et 36 % en étudiaient l’opportunité en début d’année. Pourtant, elles sont autant (64 %) à ne pas se considérer suffisamment informées sur sa mise en œuvre concrète.
Et pour cause : six mois après l’annonce de ce fonds par le gouvernement, la gestion des crédits confiée aux préfets semblait encore très opaque aux yeux des communes qui peuvent y prétendre. Au manque d’information s’ajoutent des exceptions relatives aux friches, aux biodéchets et à la biodiversité, qui sont gérées au niveau régional.
Le bilan du fonds vert, dressé par le gouvernement fin mars, semble confirmer ces chiffres. En effet, la renaturation des villes ne représente que 11 % des dossiers déposés, très loin derrière la rénovation énergétique des bâtiments publics (40 %) ou le renouvellement de l’éclairage public (30 %).
 
Des projets de végétalisation prêts

Selon Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire et président de l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep), « l’enquête confirme que les villes sont en demande d'un accompagnement global pour accélérer la renaturation de l'espace urbain ». Et d’ajouter que « les annonces gouvernementales, à l'image du Plan eau, vont dans le bon sens mais restent conditionnées à une mise en œuvre facilitée et accessible. »
Une grande majorité des villes sondées est dans une dynamique de construction pour continuer à s’adapter et certains projets de végétalisation sont prêts à être financés. 96 % des villes interrogées souhaiteraient allouer cette aide à des travaux concrets de renouvellement urbain intégrant du végétal. Projets de végétalisation des sols, des toitures ou des façades publiques sont par exemple en cours de réalisation à Amiens.
 
Montée en compétences et formation des agents
Par ailleurs, 64 % des villes interrogées alloueraient le budget à de l’ingénierie et aux études préalables pour définir et améliorer l’impact local de la nature sur leur territoire. La montée en compétences et la formation des agents apparaît comme un enjeu important pour être soutenu par l’aide pour 20 % des villes sondées, comme l’augmentation des effectifs dédiés aux espaces verts (pour 24 %).
Enfin, la pédagogie reste clé pour faire adhérer les citoyens à la végétalisation afin de restaurer une trame bleue ou planter des arbres sur une place en centre-ville. 28 % des villes auraient aussi recours au fonds de renaturation pour se faire assister à la concertation publique et à la pédagogie auprès des administrés afin d’expliquer leur démarche.
 
Priorités de la gestion de l’eau et de la plantation

La plantation en pleine terre est une priorité pour 80% des responsables espaces verts dans les années à venir. Une mesure très populaire auprès des élus mais qui nécessite certaines conditions (variété des essences, résistance à la sécheresse) pour assurer la pérennité des plantations.
L’amélioration de la gestion durable de l’eau apparaît comme la deuxième priorité en étant citée par 76 % des villes interrogées. Cette ressource est essentielle pour la survie des espaces verts. Afin d’atténuer l’impact des restrictions d’eau, les responsables espaces verts se tournent vers des projets présentant des palettes végétales diversifiées et adaptées au climat local, comme à Toulouse.

Philippe Pottiée-Sperry
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