Inondations 2023-2024 : le Sénat en alerte rouge

Danièle Licata
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Le Sénat sonne l’alarme et propose une refonte urgente des dispositifs de prévention et de reconstruction.

Les crues dévastatrices qui ont marqué la période d’octobre 2023 à juin 2024 ont mis en lumière les insuffisances des politiques actuelles de prévention et de gestion de crise face aux inondations. Dans un rapport publié en septembre 2024, le Sénat recommande de renforcer la résilience des territoires, avec trois priorités : simplification, solidarité et adaptation.

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Le changement climatique intensifie les épisodes d’inondations, et la France n’est pas épargnée. Avec 53 % des départements touchés, les inondations de 2023-2024 ont laissé des cicatrices profondes sur le territoire, à la fois humaines et économiques. Face à cette réalité, le Sénat sonne l’alarme et propose une refonte urgente des dispositifs de prévention et de reconstruction. 

Entre octobre 2023 et juin 2024, la France a connu une série de crues exceptionnelles, provoquant des inondations aux conséquences dramatiques pour les habitants et les infrastructures des territoires concernés. Selon le rapport de la mission d'information du Sénat, ces épisodes climatiques extrêmes ont touché plus de la moitié des départements français, causant des dégâts humains, matériels et financiers colossaux. Alors que plus d'un quart de la population est directement exposé au risque d’inondation, ces catastrophes naturelles représentent 50 % des sinistres répertoriés en France depuis 1982.
La mission sénatoriale, qui s'est penchée sur ces événements, dresse un bilan critique des dispositifs existants. Selon elle, la France n’est pas suffisamment préparée à affronter une augmentation de la pluviométrie, conséquence directe du réchauffement climatique. Les élus locaux sont souvent découragés par la complexité des règles d’entretien des cours d’eau, qualifiées de « maquis règlementaire ». Ce manque de clarté entraîne une forme d'inaction par peur des poursuites judiciaires.
Le Sénat recommande donc une simplification urgente des procédures et des règles d’intervention. Il prône également une révision de la taxe Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations), créée en 2014, jugée insuffisante pour garantir une gestion efficace des risques. Le rapport met en avant l’importance de renforcer la solidarité entre les collectivités à travers une péréquation entre les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), afin d’assurer une meilleure maîtrise d’ouvrage.

Vers une résilience accrue face aux inondations

Au-delà de la prévention, le Sénat insiste sur la nécessité d’apprendre à « vivre avec le risque ». L'adaptation des constructions en zones inondables, avec des techniques résilientes, devient indispensable. Cependant, les programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI) sont freinés par des procédures administratives trop longues. Pour pallier ces retards, le rapport encourage une « montée en puissance » du système de prévision et de gestion de crise. Cela inclut l’extension du réseau Vigicrues à l’ensemble du territoire d’ici 2030 et un renforcement des capacités matérielles, comme les pompages lourds et l'utilisation d'hélicoptères en cas d'urgence.
Enfin, le Sénat pointe du doigt un autre maillon faible : la gestion de l’après-crise. La lenteur des indemnisations et la reconstruction systématique à l’identique sont jugées inefficaces face aux risques croissants. Les rapporteurs dénoncent un « véritable gâchis » et plaident pour une reconstruction plus rapide et plus résiliente, adaptée aux nouvelles conditions climatiques.

 

Danièle Licata
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