Pessimistes, les agents publics sont néanmoins fiers de leur travail

Philippe Pottiée-Sperry
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Pessimistes, les agents publics sont néanmoins fiers de leur travail

La forte morosité ambiante n’épargne pas les fonctionnaires, selon un sondage BVA pour la Casden Banque Populaire. De même ils ressentent un manque de reconnaissance. Point positif : 88% éprouvent de l’intérêt pour leur travail (utilité et fierté), en hausse par rapport à 2021.  
 

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La Casden Banque Populaire, banque coopérative de la fonction publique, a dévoilé, le 28 juin, les résultats d’un sondage réalisé par l’Institut BVA sur le moral des agents publics et la perception de leur métier. Premier constat du baromètre : leur moral reste mitigé après deux ans de crise sanitaire. 52% déclarent avoir « plutôt bon » ou « très bon » moral, avec une moyenne qui s’élève seulement à 6,3/10. 
Près d’un agent sur cinq se sent impacté par une morosité ambiante et estime son moral entre 0 et 4/10. Ils se définissent comme pessimistes (69%, +20 points par rapport au sondage de 2021) quant à leur avenir dans la fonction publique. Ce constat concerne surtout la fonction publique hospitalière (FPH) et les enseignants (77% chacun).
 
Une rémunération jugée insuffisante

Sans surprise, la question de la rémunération apparaît comme un sujet majeur. Près de 71% des fonctionnaires la jugent insuffisante et, parmi eux, 16% se considèrent comme étant très mal payés. Dans cet échantillon, 77% des enseignants et 76% des fonctionnaires de la catégorie C partagent ce sentiment. 

Un pessimisme en hausse
À la rémunération insuffisante s’ajoute le ressenti au quotidien. En comparaison avec l’an passé, et même si la part des agents en manque de reconnaissance est en baisse, il n’en demeure pas moins que 27% des fonctionnaires ne se sentent toujours pas reconnus (-7 points par rapport à 2021) et 25% pas suffisamment valorisés (-3 points) par la société.
La tendance au pessimisme chez les agents publics est liée au manque de moyens pour mener à bien leur mission (59%, +8 points), ainsi qu’au matériel non approprié (66%, +6 points) et aux difficultés financières pour boucler les fins de mois (61%). Ils ont vu également l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle se dégrader (52%, +6 points) avec, pour certains, des complications relationnelles avec la hiérarchie, les collaborateurs ou les collègues (49%, +10 points).
 
La FPT plus convaincue par la dématérialisation
Autre constat : la politique de dématérialisation suscite des questionnements. Ce processus de modernisation peine à faire l’unanimité. Parmi les fonctionnaires, 48% ne se considèrent pas assez formés alors qu’ils jugent que la dématérialisation a impact positif sur leur travail quotidien. De même, une minorité (30%) estime que les usagers ne bénéficient pas d’un accompagnement adéquat pour gérer ces nouvelles pratiques.
Les plus réfractaires sont les enseignants (42%) et les agents hospitaliers (41%) qui jugent que la dématérialisation présente un faible potentiel. À l’inverse, les agents territoriaux (54%) voient cette avancée de manière positive.

Sentiment d’utilité et de fierté en hausse
Parmi les points positifs : 60% des agents encourageraient leur enfant à travailler dans la fonction publique (et 79% parmi ceux qui ont un moral très bon). Une grande partie d’entre eux continue d’y trouver de nombreux avantages : sécurité de l’emploi (93%), contribution à la collectivité (88%), solvabilité de l’employeur (87%), opportunités de mobilité interne (71%)…
Une majorité d’agents éprouvent de l’intérêt pour leur travail avec un sentiment d’utilité (88%, +5 points) et de fierté (88%, +9 points). Les enseignants font figure d’exception. Malgré une fierté qui a tendance à se renforcer, ils se sentent non reconnus par la société, ce qui accentue leur désarroi.

Satisfaction du télétravail
Avec la levée progressive des contraintes sanitaires, bon nombre de fonctionnaires ont repris le chemin de leurs lieux de travail. La pratique du télétravail se trouve donc en forte baisse chez ces derniers (21%, -20 points). 
Ceux qui bénéficient actuellement du dispositif en sont globalement satisfaits. Les indicateurs de contentement sont, pour la plupart d’entre eux, en hausse : 90% des agents se félicitent d’exercer leur métier dans ces conditions (94% +22 points). Les principaux concernés arrivent à concilier vie professionnelle/personnelle (88%, +12 points).

(1) Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1500 personnes, questionné sur internet, du 3 au 12 mai 2022, et représentatif des fonctionnaires français.

Philippe Pottiée-Sperry
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