Polices municipales : comment rendre le métier plus attractif ?

Philippe Pottiée-Sperry
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Polices municipales : comment rendre le métier plus attractif ?

Les villes peinent à embaucher et à fidéliser des policiers municipaux. Le constat n’est pas nouveau mais s’aggrave. France urbaine vient de présenter 30 propositions pour rendre la filière plus attractive.

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Depuis des années, les policiers municipaux figurent parmi les métiers les plus en tension. Et la situation ne s’améliore pas avec des villes qui ont de plus en plus mal à recruter. Selon des projections réalisées en 2020 par le CNFPT, les villes estiment leurs besoins de recrutement à 7500 agents d’ici à 2026. L’association France urbaine évoque même le chiffre de 11 000 nouvelles recrues nécessaires. 
Le contexte est d’autant plus difficile que la police municipale (PM) est la filière de la FPT ayant connu la plus forte progression ces dernières années, selon le CNFPT : progression de 13%, passant de 21 200 à près de 24 000 agents entre 2015 et 2019. Cette évolution devrait se poursuivre. 

Contribution de France urbaine
Depuis juin 2022, le groupe de travail « Polices municipales » de France urbaine, piloté par Nathalie Koenders, première adjointe au maire de Dijon, planche sur le sujet. Il a rendu public, le 9 mars, sa contribution, intitulée « Polices municipales : comment rendre la filière plus attractive ? ».
Le benchmark mené durant l’été 2022 auprès des membres (réponses de 28 collectivités adhérentes de France urbaine) révèle qu’en moyenne, il existe actuellement sept postes de policier municipal vacants par collectivité adhérente (toutes catégories confondues) et que ce sont environ 67 postes de police municipale qui seraient à pourvoir d’ici 2026 pour chaque collectivité (hors Ville de Paris).
Pour répondre aux difficultés de recrutement, les villes cherchent à être plus attractives. « L’attractivité de cette filière est multifactorielle, souligne Nathalie Koenders. Il convient d’avoir une vision d’ensemble afin d’être force de proposition ». La contribution s’articule autour de quatre axes : le recrutement, la formation, la gestion des carrières et le soutien aux agents.

Mieux rémunérer les agents via le RIFSEEP
France urbaine propose tout d’abord d’étendre, en veillant à corriger les éventuels effets de bord, aux policiers municipaux le RIFSEEP (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel) dont bénéficient les policiers nationaux. Objectif : donner aux collectivités de réels leviers pour mieux rémunérer leurs agents. 
Elle demande également pour réduire les délais entre chaque concours, de les aménager et de diversifier les préparations. Autre proposition : obtenir des formations plus fréquentes et permettre une prise de fonction des agents plus rapide avec, par exemple, la possibilité d’inclure directement à la formation initiale d’application (FIA), la formation à l’armement de l’agent. 

Fluidifier les carrières
Par ailleurs, France urbaine plaide pour proposer des perspectives de parcours facilitées (à la fois au sein de la FPT, entre versants et entre secteurs public et privé) et des conditions de travail meilleures (équipement, armement, doctrine d’emploi…). Elle propose de fluidifier les carrières, en révisant notamment la structure des grilles et grades au sein de la filière, et de poursuivre la levée des freins aux mobilités, internes et inter-versants. 
Elle défend également la possibilité pour les villes de mettre en place plus facilement des actions de soutien aux agents et nouveaux recrutés en matière de logement, à l’image des dispositifs mobilisés dans le secteur privé, tels qu’Action Logement, comme France urbaine le proposait fin 2021 pour les agents territoriaux. « La question du logement des agents est centrale, estime l’association, d’où le fait que plusieurs territoires mettent en avant une politique volontariste sur ce sujet afin d’attirer des agents ».

Renforcer l’information
France urbaine insiste aussi pour renforcer l’information sur les parcours dans la FPT au sein des universités, dans le secondaire et en lien avec les principaux organes d’accompagnement dans l’emploi. Pour faire mieux connaître les métiers, elle demande de renforcer la communication en milieu urbain et par bassin d’emploi sur l’organisation du concours de gardien-brigadier de PM par les CDG via notamment l’utilisation des outils de communication interne pour mieux relayer les informations sur le concours (campagnes d’affichage, lien sur le site internet de la ville vers le CDG organisateur du concours…). Objectif : augmenter fortement les candidats et donc les lauréats domiciliés dans les grandes villes.
Cela devrait aussi passer par le développement de campagnes de communication (éventuellement à l’échelle nationale) sur les métiers du service public local.

Des contraintes spécifiques  
Autres propositions : supprimer les seuils limitant les recrutements ; favoriser les passerelles internes entre les métiers de la sécurité (AVSP, agents de sécurité privée…) et les autres filières de la FPT (administrative, sociale, sapeur-pompier, sportive, technique…) ; activer un dispositif spécifique de recrutement en interne des agents titulaires de la FPT sur les filières administratives, technique ou sportive, désireux d’intégrer la filière sécurité…
Pour France urbaine, l’attractivité des métiers de la police municipale constitue « un enjeu majeur qu’il convient de prendre en compte dans le cadre d’une vision globale ». Et de conclure : « la police municipale est un service public local, qui nécessite une main d’œuvre professionnelle, spécialisée et permanente, soumise à des contraintes spécifiques ».

Philippe Pottiée-Sperry
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