Amélioration de l’école inclusive

Philippe Pottiée-Sperry
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Le comité national de suivi de l’école inclusive s’est réuni le 4 novembre en présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées.

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Il regroupe des parents, des enseignants et des professionnels de l’éducation, des professionnels du handicap, des associations, les administrations et les collectivités territoriales. Le bilan de la dernière rentrée scolaire apparaît plutôt positif, « encourageant » selon les deux ministres. Jean-Michel Blanquer s’est félicité d’un « comité de suivit très fructueux » en citant « 365 000 élèves scolarisés, 4500 AESH [accompagnants d’élèves en situation de handicap] avec des contrats plus pérennes et davantage de formation ».

Il faut noter un contexte de très forte croissance du nombre d’élèves en situation de handicap. Depuis la loi « Handicap » de février 2005, le nombre de ces élèves accueillis à l’école a triplé, passant de 118 000 en 2006 à près de 361 500 en 2019.

Des modes de scolarisation diversifiés

Pour la dernière rentrée, le ministère de l’Education nationale constate des élèves en situation de handicap mieux scolarisés avec 87% d’entre eux qui le sont à temps plein dans le premier degré. Malgré les augmentations importantes des besoins d’AESH, le nombre d’enfants en attente a été divisé par deux entre 2018 et 2019 (4% contre 8%) permettant l’accueil de 50 000 élèves supplémentaires à la rentrée. Autre résultat satisfaisant : la diversification des modes de scolarisation grâce à la création de 305 ULIS (unités localisées d’inclusion scolaire), contre 250 initialement prévues, de 24 UEMA (unités d’enseignement maternelle autisme) et de 20 UEEA (unités d’enseignement élémentaire autisme) (10 initialement prévues). Par ailleurs, l’organisation a été mieux pensée autour des élèves grâce à « une structuration autour d’une logique de service à la personne, et non plus de réponse ponctuelle à la demande, avec la création des Pial » (pôles inclusifs d’accompagnement localisé), indique le ministère de l’Education nationale.

Des AESH mieux recrutés et intégrés

Autre amélioration notoire : des AESH mieux recrutés et mieux intégrés. La progression des moyens en équivalent temps plein est de 7,2% en 2019. Au total, on compte aujourd’hui 90 000 AESH. A la rentrée, 83,36% d’entre eux bénéficient d’un contrat de trois ans, soit un réel mieux par rapport à la précarité du statut de contrat aidé des précédents AVS (auxiliaires de vie scolaire). De plus, le ministère estime que « les professionnels du handicap sont rentrés plus vite que prévus dans l’école ». Ainsi, 117 Pial renforcés ont été créés (contre 30 initialement prévus) et 65 équipes mobiles se sont déployées, couvrant aujourd’hui les deux tiers du territoire. On peut encore noter une amélioration de l’écoute et de l’accueil des familles comme le montrent les 15 000 saisines des cellules d’écoute départementales et les quelque 18 000 rendez-vous ayant eu lieu avec les enseignants et les AESH.

Satisfaction de l’AMF

L’ensemble des participants au comité de suivi a salué les progrès faits et les efforts engagés, tout en soulignant des « points de vigilance quant à la mise en œuvre effective sur certains territoires ». « Ils seront résolus le plus rapidement possible », a promis le ministère. Représentante de l’Association des maires de France (AMF) au comité de suivi, Virginie Lanlo, maire adjointe déléguée à l’Education à Meudon, se félicite « d’une rentrée positive qui a même été au-delà des chiffres prévus initialement ». Elle insiste aussi sur la « nécessaire formation des AESH » en pointant la difficulté en milieu rural car leurs frais de déplacement pour se rendre à des formations ne sont pas pris en charge. « Il faut changer cela car à défaut ils ne pourront pas aller se former », lance l’élue. Autre problème : l’accompagnement des élèves durant le temps du midi. « La prise en charge des AESH varie selon les rectorats, ce qui n’est pas normal. Le financement est ainsi assuré soit par le ministère, soit par la commune, remarque Virginie Lanlo, alors qu’il devrait être assuré par l’Etat dans tous les territoires ». Mais elle se veut confiante en notant « une bonne volonté du gouvernement sur le sujet ». « Il faut également avancer pour davantage décloisonner et impliquer tous les acteurs », ajoute-t-elle. Plaidant pour que les élus soient plus porteurs de ces sujets, elle pense que « les municipales de 2020 doivent être l’occasion pour l’AMF de travailler avec le gouvernement et la Cnaf pour créer un vade-mecum sur l’école inclusive, avec des informations pratiques, qui serait remis aux nouveaux élus ».

Les objectifs pour la rentrée 2020

Le ministère de l’Education nationale promet que la situation s’améliorera encore à la rentrée 2020. « La feuille de route du grand service public de l’École inclusive a vocation à être suivie et amendée par le comité et sera également enrichie par l’expertise parlementaire, dans la continuité du rapport Jumel, indique-t-il. Le comité de suivi a fixé parmi ses priorités 2020 :-La mise en place d’indicateurs pour suivre la mise en œuvre des mesures, avec la création d’un système d’information dédié par l’Education nationale, qui devra s’interconnecter avec celui développé pour les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Objectif : assurer un meilleur suivi du parcours de l’élève. -La poursuite de la simplification des démarches pour les familles avec par exemple l’intégration du projet personnalisé de scolarisation au livret de parcours inclusif et la garantie d’une équité territoriale en harmonisant les pratiques des MDPH. -Le renforcement de la coopération avec les professionnels du handicap au sein de l’école avec par exemple la modélisation des équipes mobiles et leur extension sur 100% du territoire. Autre illustration : l’élaboration d’un cahier des charges pour développer des unités d’enseignement pour les enfants polyhandicapés. De plus, le ministère affirme vouloir encore développer les coopérations entre l’école et le médico-social.Philippe Pottiée-Sperry
Philippe Pottiée-Sperry
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