Avec la crise sanitaire, les agents plébiscitent le télétravail

Philippe Pottiée-Sperry
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Les agents publics jugent très majoritairement (73%) que leur organisation n’était pas prête à basculer en mode télétravail durant le premier confinement (contre 52% dans le privé). Et ils étaient encore 51% à le penser pour le second confinement cet automne (contre 40% dans le privé).

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Pour autant, 67% des agents affirment avoir bien vécu le confinement sur le plan professionnel – une expérience inédite qu’ils souhaitent renouveler : la très grande majorité veut pouvoir travailler à distance régulièrement à l’avenir. Tels sont les principaux enseignements du premier baromètre du travail ouvert (1), réalisé par Wimi, éditeur de logiciels, en partenariat avec l’institut Ipsos, et publié en décembre dernier. Il estime que « 2020 a déclenché une révolution dans l’organisation du travail dans la fonction publique ». Alors que seuls 13% des agents télétravaillaient avant la crise sanitaire, près de la moitié (48%) ont été amenés à le faire pendant le premier confinement et encore 41% durant le second.

Gain de temps, efficacité et confort

Leur jugement sur le télétravail apparaît très positif en le considérant comme synonyme de gain de temps (68%), d’efficacité dans le travail personnel (67%) et de confort (69%), des chiffres comparables à ceux des salariés du privé. Seule une minorité d’agents jugent que le télétravail a été pour eux sources de « galère » (31%) et de « stress » (24%). Au final, deux-tiers ont bien vécu le confinement sur le plan professionnel. Cette organisation du travail semble donc appelée à se généraliser : 75% des agents veulent désormais télétravailler et 58% au moins un jour par semaine.

La situation n’est pas pour autant parfaite avec un ressenti de l’intrusion du travail dans leur sphère intime. 58% jugent ainsi que le télétravail rime avec « horaires étendus » mais 56% pensent qu’il traduit un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Besoin d’esprit d’équipe et de confiance

Dans les organisations où « l’échange d’informations entre services est encouragé », 71% des agents ont « bien vécu le confinement d’un point de vue professionnel ». C’est dix points de plus par rapport aux organisations ne le pratiquant pas. Dans celles où le travail en équipe est encouragé, 71% des agents pensent que le télétravail est synonyme de gain de temps : c’est 12 points de plus par rapport aux organisations ne le faisant pas. Par ailleurs, dans celles faisant confiance aux collaborateurs, 70% des agents ont « bien vécu le confinement d’un point de vue professionnel », soit huit points de plus par rapport aux organisations ne le pratiquant pas.

Selon le baromètre, ces résultats permettent de contrer certains clichés sur la fonction publique. Ainsi les agents jugent à des niveaux comparables à ceux du privé, que leur organisation promeut le travail en équipe (74% contre 75% dans le prive), la confiance (78% des agents de la fonction publique d’Etat estiment que la confiance existe entre collègues contre 77% dans le privé) et la transparence (68% contre 75% dans le privé).

Freins techniques et culturels

Mais, selon eux, l’inadaptation des outils constitue un vrai obstacle : les problèmes d’équipement sont le premier facteur qui « rend difficile le développement du télétravail » dans leur organisation alors que cette explication n’arrive qu’en troisième position dans le privé. 49% des agents estiment que leurs outils ne sont pas adaptés au télétravail et moins d’un agent sur deux déclare avoir facilement accès à ses documents à distance. Pourtant, le besoin d’outils de travail collaboratif apparaît très fort : 92% des agents estiment que pour chaque projet mené en équipe, les personnes collaborant au projet devraient avoir accès en ligne a l'ensemble des documents. Un domaine pour lequel de vrais efforts seront nécessaires à réaliser.

Autre enseignement du baromètre : la culture du présentéisme demeure encore très forte. 53% des agents estiment que les personnes qui travaillent à distance « sont considérés comme des planqués » (7 points de plus que dans le privé). Et 65% jugent que, dans leur organisation, « les gens restent au bureau pour montrer qu'ils travaillent ». Une révolution des mentalités s’impose donc !

Le bureau reste le lieu de travail principal

Si le télétravail apparaît plébiscité par les agents, une large majorité (81%) souhaitent malgré tout que le bureau reste leur lieu de travail principal avec un ou deux jours de télétravail par semaine. Mais le mouvement est enclenché. Le télétravail va s’imposer de plus en plus dans l’administration selon les personnes interrogées, la crise sanitaire ayant provoqué une transformation durable de l’organisation du travail dans la fonction publique. Ils pronostiquent ainsi que « demain il y aura davantage de travail à distance » dans leur organisation et que « l’organisation du travail sera durablement impactée par la crise ».

Souveraineté numérique

En matière de protection des données professionnelles, 73% des agents ne font pas confiance aux logiciels chinois, 49% aux logiciels américains et 21% aux logiciels français. Par ailleurs, 92% pensent que l’Etat devrait consacrer au moins la moitié de ses achats numériques à des logiciels français. Pourtant utilisés chaque jour, les logiciels américains suscitent la méfiance : 51% des agents ne leur font pas confiance pour la protection des données professionnelles. Selon Antoine Duboscq, président de Wimi, « la révolution du télétravail dans les administrations va de pair avec le grand mouvement de migration des données vers le Cloud. Se pose dès lors la question cruciale de la protection de ces données professionnelles, a fortiori avec les données ultrasensibles des administrations ».

Philippe Pottiée-Sperry

(1) Enquête menée en ligne du 10 au 20 novembre 2020 auprès d’un échantillon de 500 actifs du secteur public issus des trois fonctions publiques et de 500 actifs du secteur privé qui travaillent tous les jours ou plusieurs jours par semaine dans un bureau. La représentativité a été assurée par la méthode des quotas.

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