« Anticiper pour lutter contre l’absentéisme des agents »
Pour Chantal Gantch, membre du Conseil supérieur de la FPT, maire de Savignac-de-l’Isle et vice-présidente RH de la Communauté d’agglo du Libournais (Cali), " la proximité et la confiance jouent à plein pour lutter contre l'absentéisme dans les petites collectivités". Rencontre.
Zepros Territorial : Selon l’étude Diot-Siac de juin dernier, l'absentéisme est de 4,3 % dans les collectivités de moins de 30 agents, contre 9,7 % en France. Pourquoi ?
Chantal Gantch : Dans les petites collectivités, l’absentéisme est impactant, surtout s’il touche des postes-clés : secrétaire, cuisinier, agent territorial spécialisé dans les écoles maternelles (ATSEM) … La proximité et la confiance jouent à plein. Quand un agent n’est pas bien, je lui dis de rentrer chez lui, sans compter ce jour en maladie. Si le problème persiste, il prend un arrêt maladie. Les agents se remplacent aussi entre eux. Mais le métier joue aussi : l’absentéisme est 30 % plus élevé à Libourne pour les métiers divers, qu’à la Cali pour les métiers administratifs.
Z.T. : Même dans les petites collectivités, un agent sur quatre s'absente au moins une fois dans l'année, un arrêt dure 36 jours et la durée croît avec l'âge…
C.G. : La pyramide des âges de la FPT vieillit, les troubles musculosquelettiques (TMS) sont plus sensibles, les troubles psycho-sociaux (TPS), plus longs, se multiplient. En Gironde, ils sont plus facteurs d’arrêts que les TMS qui s’ils sr traitent en adaptant les postes de travail ou le matériel, c’est plus complexe pour les TPS qui sont souvent la conséquence de conflits d’équipes ou de managers pas toujours bienveillants, etc.
Z.T. : Faut-il allonger le délai de carence ?
C.G. : La solution n’est pas répressive. Certes, il faut sensibiliser les médecins, certains ayant l’arrêt de maladie facile. Faire respecter les règles de sécurité préviendra aussi des accidents du travail. Les collectivités devraient toutes avoir leur Document unique d’évaluation des risques professionnels.
Z.T. : Et la prévention ?
C.G. : Connaissance et formation sont indispensables. Le rapport social unique annuel renseigne sur l’absentéisme : tranches d’âge, métiers, types d’arrêt...
Soignons les conditions de travail, notamment la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) pour anticiper l’usure par des reclassements, reconversions. L’employeur favorisera de bonnes coupures : à Savignac, c’est une semaine à Noël et trois semaines en été. La qualité de vie au travail est cruciale. Selon une étude des CDG de Nouvelle Aquitaine de septembre 2024, la mobilité est choisie à 60 % pour des raisons de relations avec l’employeur et à 40 % « seulement » pour la rémunération.
Propos recueillis par Frédéric Ville