Benoît Mercuzot : « Les Epl ont un rôle à jouer pour dynamiser les territoires »
Vice-président d’Amiens Métropole en charge des finances, Benoît Mercuzot est le nouveau président de la Fédération régionale des élus des Epl (entreprises publiques locales) Hauts-de-France.
Il souhaite dynamiser son territoire en renforçant le rôle des Epl, dans une période de transition où leur agilité sera précieuse. Par ailleurs président de la SemOp Amiens Energies, il s’appuie sur cet exemple pour illustrer son propos.
Vous êtes depuis peu président de la Fédération régionale des élus des Epl des Hauts-de-France. Quelles sont vos priorités ?
Je me fixe trois objectifs. Le premier : faire mieux connaître aux élus des Hauts-de-France les trois outils (Sem, Spl et SemOp) de la gamme Epl. L’économie mixte locale n’est pas une inconnue pour eux mais les élus ont besoin d’en avoir une appréhension plus concrète. Deuxième chantier : assurer une meilleure animation en réseau des 58 Epl des Hauts de France par exemple sur le volet formation des élus sur le fonctionnement des Epl, pour qu’ils s’en saisissent en toute connaissance de cause. Enfin, il est nécessaire de resserrer les liens avec les parlementaires régionaux, qui seront mieux à mettre de défendre les intérêts de l’économie mixte locale lorsque la situation l’impose. L’action publique est en pleine mutation et nombre d’observateurs sont convaincus que les Epl ont un rôle à jouer dans les prochains mois pour dynamiser les territoires. J’entends aider à cette prise de conscience dans les domaines du tourisme, de la santé, de la petite enfance ou encore de la transition écologique, où les Epl ont montré leur savoir-faire.
Vous êtes justement le président d’Amiens Energies, la première SemOp créée en France en 2017 dans le secteur de l’énergie. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Cette décision relevait d’une stratégie énergétique territoriale innovante pour valoriser les infrastructures existantes. Notre réseau de chaleur repose sur un mix énergétique inédit associant cinq sources d’énergies de récupération et renouvelables locales : la valorisation des eaux usées, la récupération de l’énergie issue de la méthanisation, la géothermie à travers l’installation de pompes à chaleur permettant de valoriser l’énergie contenue dans les nappes, la biomasse en récupérant les ressources locales traitées dans une chaufferie à haute performance et enfin le biogaz, produit par des unités de méthanisation locales permettront de produire du biogaz. Amiens Energies s’est associée à la compétence de la société Engie Cofely pour mener à bien ce projet.
La SemOp a-t-elle atteint son objectif ?
En deux ans et demi, nous avons réuni deux réseaux qui n’étaient pas reliés entre eux, et fonctionnaient à 100 % au gaz naturel. Cela n’a pas toujours été simple. Ce sont des travaux compliqués à réaliser, avec des canalisations de 75 centimètres de diamètre à faire passer à deux mètres de profondeur dans certaines rues. Mais aujourd’hui, ce réseau renouvelé fonctionne et 17 000 foyers y sont connectés. 21 000 le seront d’ici peu, soit un tiers des foyers de la ville.
Comment la SemOp a-t-elle facilitée cette démarche ?
Elle a installé les conditions d’une gouvernance claire. Chacun des actionnaires a intégré ses intérêts propres tout en mettant ses propres compétences au service du développement de la SemOp. La Caisse des dépôts détient 15 % du capital, la ville d’Amiens 34 % et Engie 51 %. La ville dispose d’une minorité de blocage, scellée dans le marbre du pacte d’actionnaires qui garantit le fait qu’aucun actionnaire ne peut imposer une décision à un autre. Un comité stratégique examine en amont les décisions et si l’unanimité n’est pas au rendez-vous, il appartient alors au conseil d’administration de la trouver. Je pense que la gamme SemOp ne va pas tarder à se développer, pour la simple et bonne raison qu’elle répond aux bons critères pour permettre aux élus de garder les mains sur des travaux d’envergure.
Propos recueillis par Stéphane Menu
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