Conversion écologique : 15 Md€ de plus sur deux ans
Coïncidence des calendriers ? Quelques heures à peine après les résultats du second tour des municipales, et sa déferlante verte dans les grandes villes, Emmanuel Macron a reçu, le 29 juin à l’Elysée, les 150 citoyens de la Convention pour le climat.
Sur leurs 149 propositions, le président de la République en a reprises pas moins de 146 (ne sont pas retenues la taxe sur les dividendes ou la limitation à 110 km/h sur les autoroutes).
« Je veux que toutes vos propositions qui sont prêtes soient mises en œuvre au plus vite », a-t-il promis. Celles relevant du champ réglementaire seront abordées lors d’un Conseil de défense écologique d’ici fin juillet. D’autres seront intégrées au plan de relance « économique, écologique et social » qui « sera soumis au Parlement dès la fin de l’été », a précisé le chef de l’Etat. Selon lui, certaines propositions de la convention ont déjà influencé une partie des plans sectoriels (autonomie, automobile, aéronautique). Par ailleurs, un projet de loi sera présenté à la fin de l’été, intégrant les mesures proposées qui relèvent du champ législatif. Emmanuel Macron s'est engagé à associer « étroitement » les membres de la convention dans des groupes de travail, mis en place dès la semaine prochaine, qui seront chargés d’affiner ou de compléter certaines mesures, avec les parlementaires et le gouvernement.
Réunion prochaine avec les associations d’élus
Seule annonce chiffrée du chef de l’Etat : 15 Md€ supplémentaires sur deux ans injectés dans la conversion écologique de notre économie » qui seront intégrés au futur plan de relance. Celui-ci intégrera un fonds dédié à la transformation écologique de l’économie. Il a aussi cité des propositions qui dépendent des collectivités : augmenter le nombre de parkings relais, interdire les véhicules polluants dans les centres-villes, accélérer sur les filières de recyclage des déchets, instaurer des clauses environnementales dans les marchés publics… Il a donc annoncé une réunion prochaine avec les associations d’élus pour discuter de l’ensemble des propositions et de leur mise en œuvre, avec les modifications législatives nécessaires à intégrer dans le futur projet de loi.
« Mettre fin à la bétonisation »
Par ailleurs, Emmanuel Macron a salué les propositions plaidant pour diviser par deux les surfaces urbanisables, sanctuariser les espaces agricoles naturels et forestiers, développer la ville sur la ville en facilitant la reconversion des friches. Selon lui, elles sont en cohérence avec le projet « Action cœur de ville » mis en place depuis deux ans par le gouvernement. Rappelant l’inscription dans le plan biodiversité du principe du zéro artificialisation nette (ZAN), il salue les propositions de la convention qui souhaitent aller plus loin « pour mettre fin à la bétonisation ». Et d’affirmer : « vous avez raison et je le partage. Et c'est allé plus loin et plus fort, ce que vous proposez. Alors allons-y ! » Accord aussi donné quant à un moratoire sur les nouvelles zones commerciales en périphérie des villes.
Annonce de référendums
Le chef de l'Etat s’est également dit favorable à la réécriture de l'article 1er de la Constitution pour introduire les notions de biodiversité, d'environnement, de lutte contre le réchauffement climatique. Un projet de loi constitutionnel sera présenté au Parlement avec l’objectif d’une adoption avant fin 2021. « Je suis prêt à recourir au référendum si celui-ci était constitutionnellement possible après le vote des chambres dans le cadre strict de notre Constitution », a-t-il précisé. Et de promettre d’autres référendums en 2021, « si les choses ne devaient pas avancer assez vite ».
Philippe Pottiée-Sperry