Fabien Tastet, président de l'AATF (1) : « Non à une dérégulation sauvage démantelant le statut »

Philippe Pottiée-Sperry
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Quelles sont les lacunes du projet de loi de transformation de la fonction publique ?

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Ce texte de loi a le mérite d'exister. Il contient des propositions intéressantes mais il manque aussi beaucoup de sujets importants. Parmi eux, l'égalité des chances. Il n'y a rien, par exemple, sur les classes préparatoires intégrées ou le tutorat. Nous défendons aussi toujours le principe du concours qui rend possible un parcours méritocratique. Le texte de loi ne prévoit rien non plus sur l'efficacité de l'administration et sur ce qui pourrait la rendre plus lisible. S'agissant du recours aux contractuels, nous n'y sommes pas opposés. Toutefois, nous ne sommes pas favorables à une dérégulation sauvage qui démantèlerait le statut. Il faut ainsi imposer des garanties de déontologie, de nombre, de rémunération et d'aptitude vis-à-vis des personnes du privé venant dans l'administration. Le secrétaire d'Etat en charge de la fonction publique s'est dit ouvert aux améliorations du projet de loi. Nous allons donc y travailler dans les prochains mois aux côtés notamment des parlementaires, des associations professionnelles et d'élus.

Parmi les 10 propositions de l'AATF "pour un service public du 21e siècle" figure la création de quotas "pour nommer des fonctionnaires de terrain dans les cabinets et les ministères". Dans quel but ?

L'AATF a toujours milité pour la mobilité inter-fonction publique, les trois versants étant trop segmentés. Les mécanismes permettant aux fonctionnaires d'Etat d'intégrer la territoriale ou l'hospitalière existent. En revanche, il n'y a aucun dispositif pour favoriser la mobilité des fonctionnaires des deux autres versants. C'est aussi un piège tendu aux collectivités locales, qui subissent une pression sur des flux entrants, mais qui n'ont pas de flux sortants. D'où notre idée de quotas comme pour la parité. Il faut, en outre, sécuriser le retour des hauts fonctionnaires territoriaux partis en cabinet ministériel sinon, ils ne seront pas incités à bouger. Cela figure d'ailleurs dans le rapport Savatier-De Belenet.

L'AATF est également très attachée à la parité. Les mesures figurant dans le projet de loi sont-elles insuffisantes ?

Il faut aller plus loin et imposer la parité sur les postes d'encadrement intermédiaire afin de constituer un vivier pour la strate hiérarchique supérieure, à l'Etat et dans les collectivités de plus de 20 000 habitants. Nous défendons aussi une mesure technique visant à suspendre la durée de validité des concours pour les personnes déjà sur emploi fonctionnel, ce qui pourrait notamment permettre à certaines collègues de dérouler plus facilement leur carrière.
Propos recueillis par Emmanuelle Quémard
Philippe Pottiée-Sperry
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