Vétusté des réseaux d’eau : les communes sur la brèche

Stéphane Menu
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Vétusté des réseaux d’eau : les communes sur la brèche

Seulement 80% de l’eau des canalisations sont utilisés, 5,1 milliards de mètre cubes disparaissant dans la nature, une déperdition de près de 50% dans certaines communes rurales ! Selon la FNCCR, il faudrait augmenter la facture de 20 à 30% pour engager les travaux nécessaires.

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La sécheresse historique de cet été a mis une nouvelle fois en lumière la vétusté des canalisations. Plus d’une centaine de communes ont manqué d’eau, nécessitant ainsi leur approvisionnement par citernes. L’état des canalisations est montré du doigt. Pourtant, le réseau n’est pas si vieux : 60 % des tuyaux ont été installés il y a moins de 50 ans, d’après la Fédération nationale des collectivités concédantes et des régies (FNCCR). 

900 000 km de réseaux d’eau potable
Le rendement, à savoir l’écart entre l’eau consommé et l’eau versé dans le réseau, prête cependant à débat : 80% de l’eau seulement sont utilisés ; 5,1 milliards de mètre cubes disparaissent dans la nature, une déperdition tutoyant 50% dans certaines communes rurales. Concrètement, on compte 900 000 km de réseaux d’eau potable en France, renouvelés annuellement à hauteur de 0,67 %. 
Les besoins ne sont pas les mêmes à Paris, où le taux de rendement est de 90% et où des capteurs sonores ont été installés le long du réseau pour repérer les fuites, et les communes rurales. Selon les calculs de la FNCCR, il faudrait augmenter la facture de 20 à 30% au plus vite pour engager les travaux nécessaires. Reste à savoir qui paiera la facture. 

Manque de financements 
D’après Maryllis Mace, directrice du CIEau (Centre d’information sur l’eau), interrogée par le Figaro, « on dédie 6 Md€ par an aux problèmes des fuites alors que les scientifiques estimaient en 2020 qu'il faudrait un milliard de plus chaque année ». Elle pointe un manque de prévoyance sur le sujet, le budget des Agences de l’eau perdant 9 % des recettes pour la période de 2019-2024 par rapport à celle de 2013-2018. La sécheresse estivale changera-t-elle la donne ? 

Gorges Causse Cévennes : un transfert de compétence avancé
En Lozère, la communauté de communes Gorges Causse Cévennes (17 communes et 7000 habitants) a décidé « d’accélérer le calendrier », comme l’explique son président, Henri Couderc. En effet, les communes doivent céder leur compétence « eau » aux intercommunalités avant 2026. « On s’est dit qu’il était plus judicieux d’être les premiers wagons raccrochés que les derniers. L’Agence de l’eau va nous aider à mener à bien les travaux nécessaires à la remise en état des canalisations de nos 17 communes, qui ont donc accepté de transférer cette compétence bien en amont », indique-t-il. 

Mobilisation de 10 M€
« Nous avons un calendrier bien phasé, avec des priorités bien définies sur les 13 ans à venir », précise le président de l’intercommunalité. Cela se traduit par la mobilisation de 10 M€ pour sécuriser totalement l’approvisionnement en eau des communes. Il faut aller vite car on a vu cet été que les réserves d’eau s’épuisaient. Avec des réserves qui peuvent s’épuiser rapidement. 
« Dans certaines communes, cet été, nous avons assisté à un remake contemporain de Manon des Sources », conclut Henri Couderc.

Stéphane Menu
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