[INTERVIEW] France Burgy, directrice générale du CNFPT : « Solidifier la géographie des activités du CNFPT »

Maxime Mahmoudi
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-La loi de transformation de la fonction publique correspond-t-elle aux attentes du CNFPT en matière de formation ?

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La loi comporte des avancées intéressantes comme par exemple l'obligation de formation pour les contractuels ou la formation au management. Concernant le CNFPT, elle ne remet pas en cause notre modèle, ce qui était pourtant envisagé par le rapport parlementaire sur la formation et la gestion des carrières des agents des collectivités territoriales. Nous sommes satisfaits de voir finalement préservé notre modèle, qui garantit l'unicité de la fonction publique territoriale et défend notre vision de la mutualisation. En outre, la période des discussions parlementaires nous a été très utile car elle nous a permis de mieux informer nos partenaires sur nos activités et de corriger l'image du CNFPT, pas forcément synonyme d'efficacité aux yeux de certains acteurs publics.

-Quelles sont les nouvelles obligations qui incombent au CNFPT ? La réalisation d'un rapport annuel pour le Parlement ne nous gêne pas dans la mesure où nous communiquons déjà régulièrement les données propres à notre établissement. Concernant notre collaboration avec les centres de gestion [CDG], nous voyons d'un très bon œil les conventions qui seront mises en place dès 2020 parce que nous avons besoin d'un continuum entre nos activités et celles des CDG. En outre, cela nous permettra de mieux nous faire connaître des agents des petites collectivités. Nous finalisons actuellement avec la Fédération nationale des centres de gestion une convention cadre afin que chacun des CDG aborde prochainement les mêmes thèmes.
-Quelles sont vos interrogations au sujet des futures ordonnances ?Sur la réforme de la haute fonction publique, nous n'avons pas d'informations précises, si ce n'est ce qui ressort des auditions de FrédéricThiriez, qui doit remettre son rapport en novembre. Nous avons rencontré longuement M.Thiriez, très à l'écoute du modèle d'école que représente l'Institut national des études territoriales. Les écarts entre les différents modèles en vigueur dans la fonction publique sont très importants : nos élèves ne sont pas nommés sur un poste à l’issue de leur scolarité, ils doivent trouver chacun un emploi, a contrario des fonctionnaires de l’Etat. Quant aux autres sujets relatifs à la formation, nous n’avons à ce stade pas d’information quant au champ exact que le gouvernement entend couvrir. Nous entamons le dialogue à ce sujet pour aboutir dans les 18 mois.
-Comment envisagez-vous la régionalisation des implantations du CNFPT ?Ce sujet n'est pas neutre pour le CNFPT. Le travail a déjà été amorcé avec les inter-délégations mais là, ce sera plus abouti : il s'agit d'organiser nos délégations à l'échelle des 13 régions avec un seul siège par région. L'idéal serait une mise en ordre de marche à la rentrée 2020. Cela aura des répercussions sur notre organisation interne et va nous permettre d'optimiser la géographie de nos activités. Avec nos 2 300 salariés et 14 000 intervenants, nous avons formé 920 000 agents en 2018 sur plus de 10 000 lieux différents. L'activité du CNFPT a augmenté de 20% entre juin 2018 et juin 2019, il nous faut préserver ce volume d’activité.
-Comment allez-vous assumer la charge nouvelle du financement de l'apprentissage ?Cette mesure de la loi de transformation de la fonction publique n'a pas fait l'objet d'une étude d'impact et nous n'avons pas les ressources financières nécessaires. Je ne sais pas comment nous allons absorber à terme cette nouvelle charge de 50 M€ et nous allons entrer en discussion avec le gouvernement. De leur côté, les élus, de plus en plus conscients du besoin de formation, ne sont ni d'accord pour s'acquitter d'une nouvelle taxe d'apprentissage, ni disposés à prélever sur le produit de leurs cotisations (350 M€) les 50 M€ nécessaires, au détriment des activités de formation.
-Quels sont les enjeux à venir du CNFPT ?La nouvelle loi ne vient pas percuter tout ce qui a été mis en place avec les collectivités. Nous entendons ainsi solidifier la géographie de nos activités pour la rendre plus proche des agents. Nous observons, en effet, une certaine réticence au déplacement et l'éloignement des lieux de formation engendre aussi une perte de temps de travail pour les employeurs. La formation au plus près des territoires permettra également de recréer du lien entre les collectivités où il y a eu beaucoup de brassage ces dernières années. Par ailleurs, nous allons continuer à mixer les formations en distanciel et présentiel. Nos formateurs doivent aller vers davantage de pédagogie active ou inversée. Après une passe difficile, l'établissement est en bonne marche et le dialogue avec les collectivités satisfaisant. Je suis donc confiante dans l’avenir et persuadée de notre valeur ajoutée pour construire le service public local de demain. Propos recueillis par Emmanuelle Quémard
Maxime Mahmoudi
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