Johan Theuret, président de l'ADRHGCT : « Il faut revoir toute la gestion de crise »

Philippe Pottiée-Sperry
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Confinement, déconfinement, relations avec l’Etat, dialogue social… Entretien avec Johan Theuret, le président de l'Association des DRH de grandes collectivités (ADRHGCT) qui est aussi DGA chargé du Pôle ressources à Rennes Ville et Métropole.

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Quel bilan tirez-vous de la période de confinement ?

Le service public local a répondu présent avec rapidité et efficacité malgré un climat incertain et anxiogène. Les services publics "essentiels" ont ainsi pu être assurés sur tout le territoire. En outre, le recours au télétravail pour les agents a permis de gérer d'autres services au-delà du plan de continuité d'activité. Je pense, par exemple, aux fonctions ressources. Les directions informatiques ont beaucoup œuvré pour faciliter ce fonctionnement. C'est l'addition du travail des agents en distanciel et en présentiel qui a permis de réussir cette période de confinement. Ce sont de premiers enseignements RH à tirer. Nous consacrerons d'ailleurs notre colloque d'octobre prochain aux enseignements de la crise sanitaire.

En matière de déconfinement, comment cela se passe-t-il au sein des collectivités ?

Le déconfinement connaît plusieurs phases. Il a d'abord fallu préparer le "11 mai" et rassurer les agents partagés entre l'envie de travailler en présentiel et la peur de contracter le Covid-19. Les employeurs ont mis en place les outils de protection et les mesures de distanciation sociale et la réouverture progressive des services a été largement coordonnée par les directions des ressources humaines. La réouverture totale au public, qui s'opèrera tout au long du mois de juin, ne se fait pas sans difficultés dans certains secteurs, notamment dans les écoles où la somme des gestes barrière ajoute de la complexité à la reprise.

A quelles difficultés avez-vous été confronté lors de cette crise sanitaire ?

Il existe un décalage entre le vécu des agents des collectivités sur le terrain et la gestion de la crise par les services de l'Etat. Un fossé s'est fait jour entre les discours et la réalité, qui a entraîné une incompréhension de la part des usagers et un agacement des collectivités locales mises sous pression. La réouverture des crèches, des écoles, des piscines, des musées, etc., n'est pas aussi simple que cela à mettre en œuvre en raison notamment des protocoles sanitaires. Il faut revoir toute la gestion de crise et l'intervention de l'Etat seul n'a plus de sens aujourd'hui.

L'ADRHGCT a-t-elle des propositions post-confinement en matière de dialogue social ?

La crise n'a pas mis entre parenthèses le dialogue social, bien au contraire. Les échanges internes avec les organisations syndicales ont été réguliers et des réunions des CT et CHSCT ont été tenues sur des dossiers spécifiques. Nous ne pouvons pas reprendre comme si rien ne s'était passé. Il faut tirer rapidement des enseignements de la crise avec les partenaires sociaux d'autant que nous serons dans une période de renouvellement de mandat pour les élus. Outre des dossiers structurants comme les lignes directrices de gestion, le plan d'action en matière d'égalité professionnelle ou encore les 1607 heures, nous voulons nous pencher sur des chantiers tels que l'organisation du temps de travail, le télétravail, l'usure physique et psychologique propre à certains métiers, la valorisation des parcours professionnels et les rémunérations.

Propos recueillis par Emmanuelle Quémard

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