Johan Theuret, président de l'ADRHGCT : « Le sujet des rémunérations reste crucial »

Philippe Pottiée-Sperry
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Le président de l'ADRHGCT (Association des DRH des grandes collectivités) va passer la main lors de l’assemblée générale de l’association qui doit se tenir le 18 septembre. Johan Theuret est DGA en charge du pôle ressources de la ville et de la métropole de Rennes.

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Vous avez passé six ans à la tête de l'ADRHGCT. Quels dossiers avez-vous pu faire avancer ?

Nous avons connu plusieurs gouvernements dont les périmètres ministériels en matière de fonction publique ont pu évoluer. L’ADRHGCT a travaillé avec l'ensemble des ministres successifs et contribué à des évolutions législatives ou réglementaires. Elle a aussi largement participé aux divers dossiers mis à l'agenda public. L'association a ainsi planché sur la loi de 2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires et sur la loi de transformation de la fonction publique (TFP) du 6 août 2019. De plus, elle s'est beaucoup investie dans le déploiement du Rifseep [régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel], créé en 2014, et a fait entendre ses arguments en faveur du CNFPT lors des discussions sur la modernisation de l'établissement. Absentéisme et conditions de travail, égalité femmes-hommes, temps de travail, recrutement, rémunérations, sur tous ces thèmes, l’ADRHGCT a fait valoir son point de vue. Ses membres ont toujours eu à cœur de porter la modernisation de la fonction publique et de la gestion RH, moins sur les aspects statutaires et administratifs que sur l'accompagnement du parcours professionnel des agents. Il me semble toutefois que la prise en compte de la vision des praticiens de la territoriale est insuffisante. Le prisme étatique continue de prédominer.

Ceux que vous jugez inaboutis ?

La question des rémunérations reste entière et les besoins d'équité et de simplification qui y sont liés demeurent. C'est un enjeu crucial, de même que la réforme des retraites. Il faut sortir d'une vision court-termiste, comptable et budgétaire de la fonction publique. Le dossier de la mutualisation des financements pour accompagner les agents en reconversion est essentiel également. Le système est à bout de souffle et la réponse seule de l'employeur n'est plus possible face à l'allongement des carrières et à une pyramide des âges vieillissante. Quant à la protection sociale complémentaire, en six ans, j'ai vu passer deux ou trois rapports d'inspection mais à chaque fois, le sujet a subi un enterrement de première classe, et cela quel que soit le gouvernement !

Le colloque de l'ADRHGCT le 2 octobre est centré sur la mutation de la fonction RH en lien avec le Covid-19. Qu'est-ce que la crise sanitaire a changé ?

La fonction RH a été très mobilisée durant toutes les phases de la crise sanitaire, par l'accompagnement des agents. Je pense qu'il faut évoluer vers un management de projet, de résultats. Les enseignements à tirer en matière de gestion RH portent sur le télétravail et la façon dont les employeurs territoriaux peuvent accompagner sa montée en puissance. De même, le dialogue social formel et informel sort renforcé de cette période. En outre, de nouvelles formes de solidarités entre les agents ont émergé. La crise a servi d'accélérateur à de grandes tendances de fond.

Qu'attendez-vous de la nouvelle ministre de la Transformation et de la fonction publiques ?

Il faut que la mise en œuvre de la loi « TFP » soit achevée et que les différentes ordonnances voient le jour, notamment celles sur la santé et la négociation collective prévues en 2020. L'ADRHGCT réaffirme également la nécessité d'un code général de la fonction publique.

Propos recueillis par Emmanuelle Quémard

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