La colère des sapeurs-pompiers ne faiblit pas

Philippe Pottiée-Sperry
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En l'absence de réponses jugées satisfaisantes de la part du gouvernement et de leurs employeurs territoriaux, les sapeurs-pompiers professionnels (SPP) des services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) - qui représentent 16% des 247 000 sapeurs-pompiers de France - ont décidé de reconduire jusqu'à fin octobre le mouvement de grève entamé le 26 juin dernier.

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En outre, un appel à un rassemblement national le 15 octobre à Paris a été lancé par l'intersyndicale FA-SPP/PATS, CGT services publics, Avenir Secours, FO SIS, SPASDIS-CFTC, CFDT-SDIS, UNSA-SDIS, représentant 85% des SPP.

Manque d'engagements du gouvernement

Au lendemain du 126ème congrès national des sapeurs-pompiers de France réuni à Vannes (Morbihan) jusqu'au 21 septembre, les représentants des agents des SDIS, reçus par le ministre de l'Intérieur, avouent leur déception face au manque d'engagements concrets du gouvernement."Au bout de trois mois de sollicitations et d'actions, aucune réponse formelle n'a été apportée à nos revendications, déplore André Goretti, président de la FA-SPP/PATS, première organisation syndicale représentative des SDIS. Nous assistons à une partie de ping-pong entre le gouvernement et nos employeurs, représentés notamment par l'Assemblée des départements de France et l'Association des maires de France. Pourtant, notre situation est la même que celle des urgences : nous avons de plus en plus de missions et de moins en moins de moyens." Les SDIS sont financés à hauteur de 58% par les départements.

4,6 millions d’interventions annuelles

"Dans un contexte d’augmentation constante des sollicitations, passées en vingt ans de 3,5 à 4,6 millions d’interventions annuelles - dont 84% au titre du secours d’urgence aux personnes - il est nécessaire de dégager des solutions pérennes garantissant le bon fonctionnement de nos services d’incendie et de secours et la sécurité des sapeurs-pompiers en intervention, a notamment reconnu Olivier Richefou, président du conseil départemental de la Mayenne et de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS), dans un communiqué. La baisse de la pression opérationnelle qui pèse sur les SDIS est aujourd’hui un enjeu qui repose sur une meilleure coordination des moyens dédiés aux secours, en lien avec les annonces du 9 septembre de la ministre des Solidarités et de la Santé." Agnès Buzyn a, en effet, annoncé la mise en place du numéro unique de réception des appels d’urgence 112, en lien avec la mise en place du service d’accès aux soins.

Revalorisation de la prime de feu

"Nous réclamons donc une table ronde pour tout mettre sur la table", affirme le président de la FA-SPP/PATS. Le cahier revendicatif de l'intersyndicale porte tout à la fois sur le fonctionnement des SDIS, les conditions de travail, la santé et la sécurité des personnels. "Nous demandons ainsi une revalorisation significative de la prime de feu à hauteur des autres métiers à risque, détaille André Goretti. De même, l’arrêt de la sur-cotisation pour les droits à la retraite et le maintien de la catégorie active nous paraissent indispensables. Il faut aussi prioriser les questions de protection de la santé et de la sécurité face aux agressions subies par les sapeurs-pompiers et aux cancers liés à la toxicité des fumées. Enfin, il faut recruter des emplois statutaires."

Rapport du CSFPT fin 2010

Par ailleurs, le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), qui a déjà produit un état des lieux sur la filière des sapeurs-pompiers en octobre 2018, entend poursuivre le travail de réflexion engagé, notamment sur la partie statutaire. Le groupe de travail placé sous l’égide de la formation spécialisée n°3 du CSFPT devrait rendre ses conclusions d'ici à la fin 2019.Emmanuelle Quémard
Philippe Pottiée-Sperry
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