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L’AATF juge « globalement positif » le télétravail

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans la continuité de son retour d’expérience sur l’adaptation des collectivités face à la crise sanitaire, l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF) a réalisé une étude auprès de ses membres sur l'impact du Covid-19 et du télétravail sur les pratiques managériales au sein des collectivités.

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Près de deux ans après le début de la pandémie, alors qu’une évolution de l’organisation du travail s’est imposée dans les collectivités, « le rapport au collectif et la qualité du service public demeure une priorité pour les managers », estime l’association.

Selon l’étude, la crise sanitaire a provoqué chez 75% des administrateurs territoriaux un changement radical de la perception du télétravail. Jusqu’alors mis en place de façon marginale, il a connu une généralisation contrainte qui s’est heurtée à une forme d’impréparation, se traduisant par un manque d’équipements adaptés, un cadre légal insuffisamment formalisé, ainsi qu’un déficit global de formation aux risques potentiels induits par le travail à distance.

Consensus sur l’utilité du télétravail

Malgré un mauvais départ, ce nouveau mode de travail s’est durablement installé dans le fonctionnement des collectivités. Ainsi, plus de 92% des collectivités des personnes interrogées ont engagé des négociations avec les organisations syndicales sur le sujet, et 75% des répondants considèrent que la facilitation du télétravail doit faire partie des orientations stratégiques de leur collectivité. A noter également que 71% ont redéfini les règles spécifiques en matière de sécurité des systèmes d’information pour prendre en compte le télétravail.

Un consensus se dégage sur l’utilité du télétravail et l’AATF perçoit le télétravail comme « un processus globalement positif ». En effet, 75% des répondants à son enquête pensent que le télétravail favorise le bien-être au travail et même près de 96% le jugent bénéfique pour l’environnement. De plus, 62,5% le considèrent comme une opportunité intéressante financièrement parlant.

Des zones de risques

Parallèlement à tous ces points positifs, l’AATF souligne aussi « des zones de risques » qui nécessitent une prise en compte spécifique : perte de fluidité dans les collectifs de travail, perte des échanges informels, risque de confrontation entre agents aux missions télétravaillables et non télétravaillables, plus forte segmentation de l’activité... A court terme, l’association constate également une mise en retrait de certains agents, qui ont pu mal vivre la conciliation des activités professionnelles et personnelles. La nécessité de « faire équipe » devient donc plus que jamais importante.

Nouveaux risques psychosociaux

En termes d’enjeux managériaux, « la généralisation du télétravail doit aller de pair avec l’accentuation du management par la confiance, sans quoi de nouveaux risques psychosociaux peuvent apparaître », souligne l’association des hauts fonctionnaires territoriaux. Et de pointer deux natures de risques psycho-sociaux : individuels, dans la nécessaire conciliation de la vie professionnelle et de la vie personnelle dans un contexte d’atténuation des frontières symboliques et physiques ; collectifs, face au risque d’atténuation de l’esprit d’équipe et de limitation des temps et lieux de la convivialité quotidienne. L’accompagnement des managers, eux-mêmes soumis à ces risques, est également essentiel, souligne l’AATF.

Renforcer le rôle d’animation du manager

Dans ce contexte, le rôle d’animation des managers s’est renforcé, et une attention particulière doit être portée à la préservation du lien individuel et collectif au travail. « Cette démarche implique d’engager des postures de leadership, tout en acceptant d’innover dans les modalités de mise en œuvre de la continuité du service », remarque l’enquête. Elle doit aussi permettre de requestionner les organisations et les processus existants pour, le cas échéant, les revisiter. La démarche implique aussi la revalorisation des temps collectifs. Selon les administrateurs territoriaux, « ces processus, s’ils sont amenés de manière positive, sont favorables à de véritables stratégies de qualité de vie au travail, dans un contexte où, sur la part des postes télétravaillables, la prise en compte des conditions du nomadisme tend à devenir un élément déterminant de la marque employeur ».

Eviter l’iniquité entre agents

Les membres de l'AATF expriment à travers cette enquête leur attachement au vivre-ensemble et témoignent de leur volonté de ne pas créer d'iniquité entre agents, alors que seules 43% des missions sont considérées comme télétravaillables. L’enquête pose ici une différenciation selon le type de collectivités : communes et EPCI (32%), départements (47%), régions (55%), autres institutions publiques locales (67%). La faiblesse de la proportion des missions télétravaillables dans les collectivités du bloc communal s’explique par l’importance de leurs missions en contact direct avec la population.

Réflexion globale sur l’organisation du travail

Par ailleurs, afin de tendre vers un modèle de télétravail pérenne, l’association recommande une définition claire des conditions de télétravail, impliquant un renforcement des compétences de management en distanciel ou un accès simplifié aux outils facilitant l’intelligence collective à distance. En synthèse, les répondants soulignent les vertus de l’expérimentation, afin d’identifier les solutions les plus adaptées à l’organisation de leurs collectivités. « La question du télétravail au sein de la fonction publique territoriale doit s’inscrire dans une réflexion globale et de long terme sur l’organisation du travail, permettant de garantir la continuité du service public », conclut l’AATF.

Philippe Pottiée-Sperry

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