Le Medef appelle à une « vraie décentralisation » pour doper la croissance

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans le cadre du grand débat, le Medef a aussi apporté sa contribution qui s’appuie sur les conclusions de 133 débats menés dans les Medef territoriaux et les fédérations, en insistant sur le besoin d’une « vraie décentralisation ».

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Selon le mouvement patronal, pour recréer de la richesse à partager dans les territoires et remettre en route l’ascenseur social, il faut « un choc fiscal et de décentralisation ». « L’application du principe de subsidiarité est la clé de la réussite économique », indique sa contribution, présentée le 19 mars. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a reconnu que son organisation avait évolué en matière de décentralisation, un sujet sur lequel elle a longtemps été plutôt méfiante.

Un diagnostic sévère

Sévère, le diagnostic du Medef sur la situation actuelle évoque une « décentralisation prisonnière de logiques institutionnelles et de transferts de compétences comme si la finalité, rendre un service de proximité au citoyen, avait été oubliée ». Et de pointer un manque de lisibilité découlant de « la conjonction entre un enchevêtrement de compétences et la multiplication de financements croisés, sous le regard d’un État jacobin qui a toujours veillé à garder la main, tant sur les compétences qu’il déléguait que sur les ressources qu’il continuait de mobiliser en faveur des collectivités, via notamment la dotation globale de fonctionnement ». Dressant ce constat, le Medef estime que la « décentralisation à la française (…) revient finalement à déresponsabiliser les décideurs publics dans leur capacité à mener un projet dans un cadre budgétaire respectueux des finances publiques ». Et de regretter cette situation car, selon lui, il existe « une corrélation positive entre décentralisation et croissance économique ». En clair, « plus le niveau de décentralisation est élevé, plus la croissance du PIB est importante » !

Six propositions

Après avoir posé ce diagnostic, le Medef estime que pour sortir de la crise actuelle, parmi différentes mesures, la première ambition devrait être de « réussir enfin la décentralisation ». Volontariste sur un sujet pour lequel il prend rarement position, le mouvement patronal plaide ainsi en faveur pour « renforcer le pouvoir de décision [des collectivités] sans augmenter la pression fiscale ». Dans un souci d’améliorer l’efficacité du secteur public, le Medef formule six propositions : -Pour chaque niveau, des compétences et des financements exclusifs-Une règle d’or budgétaire qui responsabilise les élus-Un approfondissement de la compétence économique des régions (fiscalité des entreprises, emploi, formation) pour renforcer l’attractivité des territoires-Un recentrage de l’État sur ses fonctions de stratégie et de conception des politiques publiques-Un encouragement à regrouper les échelons infrarégionaux (fusion)-De la transparence et du contrôle à tous les échelons, et de la pédagogie sur la gestion publique locale

Les régions satisfaites

Dans la foulée de la présentation du Medef, l’association Régions de France s’est « félicitée » de ses propositions plaidant pour approfondir la compétence économique des régions. Elle se réjouit que le mouvement patronal souligne « le lien qui existe entre décentralisation et croissance économique et qui s’observe dans plusieurs pays ».L’association affirme « partager avec le Medef l’idée que l’acte III de la décentralisation passe par un recentrage de l’État sur ses missions régaliennes selon le principe de subsidiarité ascendante défendu par Territoires Unis ».
Philippe Pottiée-Sperry
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