Le retour du jour de carence enraye la hausse de l’absentéisme

Philippe Pottiée-Sperry
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Officialisé en 2018 par une circulaire du ministre de l’Action et des comptes publics, le rétablissement du jour de carence a eu un impact immédiat sur l’absentéisme des personnels des collectivités.

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Alors qu’il était en constante progression depuis dix ans, le taux d’absence au travail pour raison de santé des agents territoriaux s’est, en effet, stabilisé en 2018 sur la crête de 9,8% (9,2% hors maternité), déjà atteinte en 2017. Dans le détail, les absences de courte durée (maladie ordinaire) restent au même niveau qu’il y a un an (4,7%), les arrêts pour longue maladie baissent légèrement (3%, contre 3,1% en 2017) alors que les absences liées à un accident du travail progressent faiblement (1,5% contre 1,4% en 2017).

Gravité en forte hausse de la durée des arrêts

Tels sont les principaux enseignements de l’étude annuelle « Panorama 2019 - Qualité de vie et santé des agents dans les collectivités territoriales », publiée le 19 novembre par Sofaxis. L’enquête menée par l’expert en assurance auprès de 16 400 collectivités locales (représentant 426 000 agents affiliés à la CNRACL) montre toutefois qu'au-delà des constats statistiques, les réalités de terrain sont de plus en plus complexes. Ainsi, si le taux d’absentéisme semble maîtrisé, l’indice de gravité, qui mesure la durée moyenne des arrêts, est marqué par une augmentation très sensible (+ 20%) passant de 39 à 47 jours en un an.Une augmentation qui s’explique essentiellement par l’allongement de la durée moyenne des congés pour maladie ordinaire (28 jours contre 22 jours en 2017). En clair, le rétablissement du jour de carence semble avoir pour conséquence des absences d’une plus longue durée.

Un coût moyen de 2134 € par agent

L’étude Sofaxis met également en évidence une baisse de la fréquence des arrêts maladie pris par les personnels territoriaux. Pour 100 agents employés par une collectivité, on observe 58 arrêts déclarés en 2018 contre 72 en 2017, soit une diminution de 18% en un an. Par ailleurs, l’indice d’exposition, qui mesure le nombre d’agents absents au moins une fois au cours de l’année, se traduit par une baisse de 9 % (41% contre 45% en 2017). Même si le taux d’absentéisme ne progresse plus, l’impact des absences est toujours aussi lourd pour les finances des collectivités. En 2018, le coût moyen d’un arrêt maladie s’élevait à 2134 € par agent, soit 22 € de plus que l’année précédente. Ce sont les absences pour maladie ordinaire (947 € contre 926 en 2017) et les accidents du travail (382 € contre 373) qui tirent le coût moyen vers le haut alors que le coût des congés maternité est stable (168 €) et celui des longues maladies en léger repli (637 € contre 645 il y a un an).

Un « risque long en croissance »

Commentant les chiffres du Panorama 2019, le directeur général de Sofaxis observe que l’absentéisme des agents territoriaux constitue un « risque long en croissance ». Pour Vincent Lelong, ce risque « engage les acteurs territoriaux dans une nécessaire mise en œuvre de leviers alliant préservation des ressources humaines et performance ». Selon Mathilde Icard, directrice générale du centre de gestion du Nord, il est nécessaire "d'aller au-delà des chiffres pour aborder les questions de prévention". Pour sa part, Jean-Robert Massimi, directeur général du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), a rappelé, l'importance des futures ordonnances découlant de la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019, notamment sur la santé et la protection sociale complémentaire. Emmanuelle Quémard
Philippe Pottiée-Sperry
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