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Lune de miel entre les régions et Emmanuel Macron ?

Philippe Pottiée-Sperry
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« Indépendance, fermeté, liberté et décentralisation : en synthèse, une ligne claire fixée par le président de la République ! Les régions, à la manœuvre pendant la crise, sont aujourd’hui prêtes à accompagner l’Etat dans cette dynamique ».

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Dans la foulée de l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, le 14 juin, le tweet de Renaud Muselier, le patron de Régions de France, était pour le moins positif. D’autant que les autres associations d’élus locaux n’ont, pour l’instant, pas réagi aux propos du président de la République Le lendemain, 15 juin, avec François Bonneau, président délégué de Régions de France, Renaud Muselier était reçu à l’Elysée par le chef de l’Etat, en présence de Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires. A l’issue de cette rencontre, l’association titrait son communiqué « Un calendrier rapide, une méthode claire, une relance efficace ». On a vu propos plus critique !

« Volonté de travailler aux côtés de l’État »

Après ce déjeuner de travail à l’Elysée, Régions de France évoque sa « volonté de travailler aux côtés de l’État à la reconstruction du pays » et salue la méthode de travail « envisagée » pour la relance, les fonds européens, les contrats de plan État Régions, une « grande initiative autour des libertés locales » et le traitement des budgets des régions 2020 et 2021.

Même s’il faut rester prudent, après son allocution du 14 juin, Emmanuel Macron semble prêt à relancer la décentralisation avec de nouveaux transferts de compétences en direction des collectivités. « L’organisation de l’État et de notre action doit profondément changer. Tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris », a-t-il reconnu. Et d’appeler à « faire davantage confiance » aux acteurs ayant « su faire preuve d’ingéniosité, d’efficacité, de solidarité » durant la crise : « je veux ouvrir pour notre pays une page nouvelle donnant des libertés et des responsabilités inédites à ceux qui agissent au plus près de nos vies ».

A présent, des discussions doivent alors lieu très vite, en particulier avec les régions, afin qu’à la mi-juillet, « les grands axes d’un contrat de plan entièrement renouvelé puissent être arrêtés pour engager la relance et la reconstruction de la France », indique Régions de France.

Confiance dans les territoires

Selon l’association, nous sommes au croisement des chemins car « c’est maintenant ou jamais que notre pays peut franchir l’étape essentielle de la territorialisation, c’est-à-dire celle de la confiance dans ses territoires ». Elle demande pour les régions plus de pouvoirs dans le domaine de l’économie, de l’emploi, de la transition écologique, de l’Europe et de la santé. En écho aux propos d’Emmanuel Macron, elle estime qu’« il n’y a pas de pouvoir sans responsabilité, mais il n’y a pas de responsabilité sans pouvoir ». La lune de miel semble être au rendez-vous entre l’Etat les régions, mais cela durera-t-il ?

Report des élections régionales

D’autant que le déjeuner de l’Elysée a connu une fausse note : l’hypothèse d’un report des élections régionales de 2021 à 2022. Officiellement dans le but de ne pas ralentir le plan de relance qui doit être lancé à la rentrée et pour lequel les régions seraient fortement associées… Certains présidents de région n’auraient pas du tout goûté un tel scénario. En fin de journée, Renaud Muselier a même publié, fait rare, un communiqué pour « récuser formellement les propos attribués à certains présidents de région suite au déjeuner de travail avec le président de la République ». Tout est venu d’un article publié dans le Figaro quelques heures plus tôt relatant des propos très critiques de certains d’entre eux. « Ni François Bonneau, ni moi-même ne nous laisserons entraîner dans des polémiques stériles », conclut Renaud Muselier dans son communiqué. Ambiance !

Dans une lettre ouverture au chef de l’Etat, publiée par Libération le 16 juin, Renaud Muselier reconnaît que la question du report des régionales a bien été abordée lors du déjeuner à l’Elysée. « S’il faut soigneusement peser le pour et le contre d’une telle idée, il ne me semble pas qu’elle doive être d’emblée rejetée, écrit-il. Elle peut s’inscrire dans une logique d’intérêt général pour notre pays ». Mais en précisant qu’« il ne saurait y avoir ni chantage ni petits arrangements » entre l’État et les régions.

Philippe Pottiée-Sperry

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