Comment réagir face aux pratiques addictives

Julie Desbiolles
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Bien réagir face aux pratiques addictives

Le centre de gestion du Haut-Rhin accompagne les collectivités pour prévenir la consommation d'alcool, de médicaments ou de drogues des agents sur leur lieu de travail.

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11,4 % des hommes et 5,2 % des femmes consomment parfois de l’alcool sur leur temps de travail, hors repas et pots : ce sont les chiffres du Baromètre de Santé publique France 2017. Pour Valérie Siegel, chargée d’inspection en santé et sécurité au travail au centre de gestion du Haut-Rhin (CDG 68), cela se traduit très concrètement au quotidien. « Tous les ans, des agents ou élus nous appellent pour savoir quoi faire face à un agent en état d'ébriété », raconte-t-elle. C'est pourquoi le CDG 68 a proposé, fin 2021, trois webinaires et un guide pour aider les collectivités à bien réagir, mais surtout à prévenir la consommation d'alcool, de médicaments ou de drogues sur le lieu de travail.

Montrer de la bienveillance

Première étape : détecter les pratiques addictives. Pour Valérie Siegel, certains signes peuvent alerter : « des retards, des changements de comportement, des propos incohérents, une somnolence… » Le CDG 68 détaille dans son guide toutes les actions à mettre en œuvre en cas d'agent sous emprise de substances : mise en sécurité de l'agent, langage à utiliser, personnes à alerter. Mais Jennifer Bindler, conseillère en organisation et santé au travail et psychologue du travail au CDG 68, insiste aussi sur la « bienveillance » à montrer : « Il faut éviter de lancer “Mais, tu as bu quelque chose, tu es alcoolique !“D'abord, parce que ces signes peuvent venir d'autre chose, d'une maladie par exemple. Ensuite, parce que cette première interaction va donner le ton à toute la démarche d'accompagnement », explique-t-elle.

Risque psycho-social

En prévention, face à des pratiques banalisées, notamment par rapport à l'alcool (pots, apéritifs d'équipe), la première arme que Jennifer brandit est l'information : définir précisément les addictions et les règles concernant l'alcool au travail. Mais elle préconise aussi de formaliser l'attitude à adopter face à ces pratiques et de mettre en place une démarche claire avec un comité de pilotage dédié. Valérie Siegel, de son côté, rappelle aux employeurs que les pratiques addictives constituent un risque psycho-social comme un autre : ils sont dans l'obligation de les prévenir, avec des conditions de travail saines, sans surcharge de travail ni pression excessive.

Julie Desbiolles
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