Politique RH dans la Fonction publique territoriale : un défi global.. des réponses locales
Face à un contexte budgétaire contraint et des enjeux de recrutement croissants, les collectivités territoriales réorientent leurs stratégies RH. Le Baromètre HoRHizons 2025 dresse un état des lieux précis de l’emploi public local et met en lumière les efforts déployés pour renforcer l’attractivité des postes, améliorer la qualité de vie au travail et optimiser les ressources humaines.
« Nous n’avons pas la possibilité de recruter, nous n’avons pas la possibilité de fidéliser nos agents, et nous n’avons plus la capacité de pouvoir financer les recrutements. Pourtant 2025 est une année charnière, car nous sommes face à des difficultés pour lesquelles nous n’avons pas de réponse. Car aujourd’hui, les contraintes budgétaires, l’inflation, la hausse des prix de l’énergie… impactent nos dépenses de fonctionnement et empêchent l’employeur de gérer sa politique RH comme il le souhaite ». Murielle Fabre, Secrétaire générale de l’AMF a donné le ton en introduction de la présentation de la 8ème édition du Baromètre HoRhizon qui dresse les tendances de l’emploi territorial et les politiques RH des collectivités. En s’associant pour la première fois à l’ensemble des organisations membres de la Coordination des employeurs territoriaux (CET), le sondage identifie les défis auxquels les collectivités territoriales doivent faire face en matière RH, dans un contexte budgétaire incertain. « Et malgré tout, les maires et employeurs territoriaux restent engagés ; ils continuent d’innover, de trouver des solutions pour que leurs collectivités puissent continuer de fonctionner même s‘ils font face à des difficultés accrues pour recruter et fidéliser leurs agents » ajoute Murielle Fabre.
En effet, en 2024, 52,7 % des collectivités interrogées ont signalé des tensions sur l’embauche, un chiffre certes en légère baisse par rapport à 2023 (57,4 %), mais qui reste préoccupant. Le phénomène touche particulièrement les grandes collectivités et intercommunalités, tandis que les communes de moins de 3 500 habitants semblent relativement épargnées. Le recours aux contractuels continue de progresser, davantage dicté par la pénurie de candidats titulaires que par une véritable stratégie de flexibilité. Par ailleurs, les intentions de recrutement reculent : seulement 43,4 % des collectivités envisagent d’embaucher prochainement, contre 51 % en 2023.
Un effort sur l’attractivité et la qualité de vie au travail
Pour pallier ces difficultés, les employeurs territoriaux misent sur plusieurs leviers. L’amélioration des conditions de travail progresse nettement, avec un accent mis sur la sécurité et l’hygiène (90 % des collectivités concernées), ainsi que l’aménagement du temps de travail (79 %). La protection sociale complémentaire connaît aussi une avancée notable, notamment sous l’effet de l’obligation de participation des employeurs au financement des garanties santé et prévoyance depuis le 1ᵉʳ janvier 2025.
Les politiques de formation restent un axe stratégique, avec un recentrage sur les formations obligatoires et statutaires. Toutefois, les initiatives en faveur du mentorat ou de l’immersion professionnelle restent encore marginales.
Des tensions budgétaires qui freinent les ambitions
Si la revalorisation des rémunérations des agents territoriaux est jugée nécessaire par 92,3 % des collectivités, elle reste conditionnée aux recettes des collectivités et à une réduction des charges. Dans un contexte de maîtrise budgétaire, les créations de postes sont en nette diminution : seulement 8,7 % des collectivités prévoient d’en ouvrir en 2024, contre 17,4 % en 2020.
De même, l’apprentissage et les emplois aidés sont en net recul, en raison de financements incertains. Près de 80 % des collectivités n’envisagent pas de recruter d’apprentis en 2025, un chiffre en hausse de 3,5 points par rapport à 2023.
Un dialogue social perçu comme un levier clé
Malgré ces contraintes, la majorité des employeurs territoriaux estiment que la qualité du dialogue social demeure stable. Celui-ci est considéré comme essentiel pour accompagner les transformations en cours, qu’il s’agisse de la gestion du temps de travail, de la prévention des risques psychosociaux ou encore de l’adaptation des régimes indemnitaires.