Elisabeth Borne veut avancer « à marche rapide » sur la planification écologique

Philippe Pottiée-Sperry
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Elisabeth Borne veut avancer « à marche rapide » sur le climat

La planification écologique doit « irriguer » toutes les autres politiques, insiste la Première ministre. La feuille de route des deux ministres dédiées à ses côtés commence à se préciser. Le sujet du climat fait partie des trois « urgences » que s’est assigné le gouvernement avec le pouvoir d’achat et la santé.

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A l’occasion du premier séminaire gouvernemental, qui s’est tenu le 27 mai, Elisabeth Borne, a affirmé que le pouvoir d’achat, la santé et le climat constituent les trois « urgences » du nouveau gouvernement. Avec « trois mots d’ordre » assignés à ses ministres réunis à Matignon : « rapidité, efficacité et résultats ». Côté méthode, pour « effectuer un suivi continu de l’action », un séminaire gouvernemental se tiendra chaque mois dont le prochain se fera en présence d’Emmanuel Macron, avant la fin du moins de juin. 

Lettre de cadrage à tous les ministères
Sur le pouvoir d’achat, la Première ministre a confirmé qu’il s’agirait du premier projet de loi déposé par le gouvernement au Parlement, dans la foulée des élections législatives des 12 et 19 juin. 
S’agissant de la planification écologique, elle affirme vouloir mener ce chantier « à marche rapide », avec les deux ministres dédiées. Elle indique avoir dit à l’ensemble des ministres présents, lors du séminaire, que leurs ministères doivent se mobiliser pour faire face aux défis climatiques et doivent donc participer à la planification écologique ». La création à Matignon d'un secrétariat général à la planification, confié à Antoine Pellion, jouera ici un rôle de tour de contrôle. Le moment de vérité sera le niveau de contrainte écologique contenu dans la lettre de cadrage envoyée par Matignon à tous les ministères d’ici cet été. 

Développer la production d’énergies renouvelables
Sur le sujet de la planification écologique, Elisabeth Borne s’est également expliquée lors d'une rencontre avec cinq associations de protection de l’environnement, au Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris, le 23 mai. Accompagnée des deux ministres dédiées, Amélie de Montchalin (Transition écologique et cohésion des territoires) et Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), elle a vanté l’organisation « inédite » de son gouvernement pour que la planification écologique puisse « irriguer » toutes les autres politiques. Elle a indiqué que la première s’occupe de « l'ensemble de la déclinaison territoriale des politiques de transition écologique » alors que la seconde connaît une « feuille de route simple : sortir des énergies fossiles ».
Agnès Pannier-Runacher évoque notamment le développement « tout de suite » des capacités de production énergies renouvelables avec l’objectif de multiplier par dix la puissance de l’énergie solaire ou de mettre en place 50 parcs éoliens marins (pas un mot pour l’instant sur l’éolien terrestre). « Il faut se mettre autour de la table afin de trouver une méthode pour accélérer ces projets en conciliant biodiversité et lutte contre le réchauffement climatique », explique-t-il. A cette fin, une loi de simplification est en cours de préparation. 

Des ministres délégués au logement et aux transports
Pour sa part, Amélie de Montchalin a insisté sur la cohérence de mettre l'écologie et les territoires dans un même ministère en évoquant une « écologie de proximité ». Ce qui explique le large éventail de son ministère : logement, transports, économie circulaire, politique de la ville, zones rurales, urbanisme, biodiversité… Sur ce dernier sujet, elle précise qu’une stratégie nationale de biodiversité sera finalisée d’ici les prochains mois, en lien avec tous les acteurs concernés dont les associations ou les élus locaux. 
A l’issue du conseil des ministres du même jour, Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement, a confirmé qu’il y aura la nomination de nouveaux ministres délégués et secrétaires d’Etat, après les élections législatives, en particulier pour les portefeuilles du logement et des transports

« L'enjeu, maintenant, c'est de faire »
Au micro de France Inter, le 24 mai, Amélie de Montchalin a tenu à souligner que « depuis cinq ans un énorme travail a été fait pour établir des plans avec les parties prenantes pour savoir quelles sont nos stratégies ». Et de lister les priorités à venir (plan bas carbone, plan biodiversité, plan sur la gestion de l'eau, plan sur l'économie circulaire…) en indiquant que « l'enjeu, maintenant, c'est de faire » en concertation avec les acteurs locaux. 
Par ailleurs, sur la transition écologique, la ministre souligne que le pays « se fracture ». « Une partie, notamment les plus jeunes, pense qu'on ne va pas assez vite, explique-t-elle. Une autre partie trouve qu'on va peut-être trop vite ou en tout cas qu'ils ne sont pas assez accompagnés ». L’objectif, selon Amélie de Montchalin, est donc de « réconcilier les Français avec une méthode qui s'appelle la planification, pour que nous puissions dire à chacun à quel rythme nous allons pour tenir des objectifs et que, par des outils très concrets, l'ensemble du pays puisse se réunir sur ce combat ».

Manque de personnel dans les hôpitaux
La deuxième urgence fixée par Elisabeth Borne concerne la santé en promettant de donner une réponse « à très court terme » aux « défis du manque de personnel dans les services hospitaliers et les établissements médico-sociaux ». Et de préciser que des mesures « efficaces » seront prises pour cet été. Sur ce sujet, l’APVF (Association des petites villes de France) a tenu à alerter, le 25 mai, « sur la situation très inquiétante des services d’urgence dans les hôpitaux » qui lui semble « particulièrement grave dans certains établissements hospitaliers de petites villes qui voient leur fonctionnement se dégrader du fait du manque d’effectifs ». 
L’APVF rappelle que la situation n’est pas nouvelle, se répétant chaque année durant l’été. Et de citer notamment les cas des hôpitaux de Sarlat (Dordogne), Jonzac (Charente-Maritime), Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), Guingamp (Côtes-d’Armor) et Chinon (Indre-et-Loire) où l’activité est carrément suspendue. « Sous peine d’une crise sanitaire très grave, ce problème doit désormais être pris à bras le corps par le gouvernement », prévient l’APVF. Pour sa part, la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a reconnu, le 25 mai au micro de RTL, qu’« il n'y a pas que les seules urgences et les hôpitaux, il y a aussi l'offre de santé sur les territoires ». A ce propos, l’APVF considère que « l’obligation de la permanence de soins pour les médecins libéraux et la régulation de l’installation des médecins doivent être maintenant posées sans tabou ».

Philippe Pottiée-Sperry
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